vendredi 29 juin 2012

Jericho Z Barrons et l’Ondine sibylline #14 par Erika Cazaux

Salut ma roquette,


Alors pour bien entamer le week-end, je te laisse avec un nouvel extrait de la fanfiction d'Erika. Je suis sure que dans ton corps ça doit swinguer au rythme des Bee Gees. Et bien tu as raison, profite de la vie. 


"Whether you're a brother or whether you're a mother,
You're stayin' alive, stayin' alive.
Feel the city breakin' and everybody shakin',
And we're stayin' alive, stayin' alive.
Ah, ha, ha, ha, stayin' alive, stayin' alive.
Ah, ha, ha, ha, stayin' alive"


Made in @ceres





Extrait n°14

            Barrons ébahi et heureux, observa un court instant Arielle reprendre soudainement vie dans ses bras avec une exceptionnelle aisance, mais il ne prit pas le temps de lui répondre. Il s’empara fougueusement de ses lèvres qui mystérieusement étaient débordantes de vitalité. Même le visage d’Arielle était paisible et radieux. Malgré sa peau couleur ivoire, elle avait retrouvé un hâle chatoyant et en raison du regard incandescent avec lequel son bien-aimé l’avait dévisagée, ses pommettes s’étaient teintées d’un voile rosé.
Elle ne semblait pas avoir du tout souffert ces derniers temps, son corps avait instantanément recouvré sa vigueur. Elle rendit d’ailleurs avec la même passion son baiser à Barrons. Il l’embrassait avec tant d’avidité, de respect et…, d’amour (je me vois contrainte d’employer le terme interdit, il n’est pas là, j’en profite ;-) !!!) qu’Arielle s’estima être la plus chanceuse des femmes. Elle était comblée par la seule étreinte de ses bras si réconfortants et sécurisants. Quant à notre Homme, si ses yeux secs avaient pu exprimer une quelconque émotion, ils auraient probablement nettoyé et effacé la fine pellicule de poussière qui les recouvrait. Mais ne nous aventurons pas sur ce chemin glissant…
Lorsqu’il fut en mesure, non sans mal, de se décoller de la bouche d’Arielle, il prononça distinctement :
– Arielle !
Cette dernière se contenta de lui adresser un sourire des plus amoureux et se blottit contre son torse. Elle souhaitait encore profiter de ce délicieux moment avant de rompre le silence bienheureux qui régnait. Non, en fait ils étaient tout de même bercés par le chant mélodieux de quelques oiseaux qui leur proposaient leur plus romantique sérénade. Mais disons que chacun se délectait d’être dans les bras l’un de l’autre et n’éprouvait pas le besoin de parler. Pourtant désormais, ils devraient faire face ensemble et séparément à un lot de questions des plus simples aux plus saugrenues, en passant par certaines quelque peu embarrassantes…
            Ils restèrent un long moment enlacés sans oser ni bouger, ni s’expliquer quant à la situation vécue ces derniers jours.

Agacé par la tendresse de leur geste devenu trop long à son goût, ou plutôt parce que ce câlin commençait à l’indisposer, Barrons se décolla brusquement d’Arielle tout en restant assis et assez proche mais s’irrita :
– Lass Rayna, c’est pour faire votre maligne que vous vous êtes rendue malade ? Espériez-vous ainsi obtenir mon intérêt ?
– Pardon ?! gémit Arielle surprise. Jéricho, ça suffit ! Tu te crois intéressant toi peut-être à être si rude et grossier ?! poursuivit-elle sur le même ton que son attaquant.
– Je ne vous autorise pas Lass Rayna à m’appeler par mon prénom, ni à me tutoyer d’ailleurs, nous ne sommes pas si pr… !

Arielle se recula pour le toiser davantage et le coupa sèchement :
– Et moi Jéricho, je ne t’autorise pas à m’appeler Lass Rayna et je t’interdis de m’empêcher de t’appeler par ton prénom !!! cria-t-elle.
– Mais…, mais que dis-tu, euh que dîtes-vous ? Qui pensez-vous être pour me parler de la sorte ?! Tu, euh, vous…

Elle interrompit sa réplique mal assurée et lui affirma :
– Je suis celle que tu as honorée de toute ton âme, il y a quelques heu…, euh…, euh je ne sais pas… Combien…, combien de temps ai-je dormi ? s’enquit Arielle qui ne savait pas encore que cinq jours s’étaient écoulés.
– Pardon ? Nay, tu…, vous n’étiez pas endormie Lass Rayna, vous étiez…

            Arielle ne prêta pas attention à la précision donnée par Barrons et lui somma :
– Arrête ça Jéricho, je ne veux plus t’entendre m’appeler par mon nom ou alors va-t-en sur-le-champ !
– Ne me tentez pas Lass Rayna ! riposta Barrons dans une intonation qui se voulait autoritaire.
– Mais vas-y laisse-moi ici, Jéricho, je suis habituée à tes dérobades. Tu ne fais que ça ! C’est ce que tu sais faire de mieux Jéricho ! Tu me sauves, tu me regardes avec une envie qui t’insupporte et ensuite tu te carapates ! Tu ne crois pas Jéricho que je vois clair dans ton jeu ?! Tu me penses si niaise et naïve ?! Tu as des sentiments pour moi Jéricho et ils te sont tellement intolérables que tu préfères me fuir à chaque fois que cela devient dangereux pour toi. Mais, tu échoues à chaque essai et tu finis toujours par revenir…, Lord Barrons ! Tu ne peux pas te passer de moi, un point c’est tout, admets-le !
Elle n’avait même pas repris son souffle et, sans lui laisser le temps de contester, elle avait clamé haut et fort ses impressions tout en insistant moqueusement sur le prénom de celui qu’elle accusait de lâcheté au final. Elle s’était ensuite nerveusement levée et sans même vaciller, comme si rien ne lui était arrivé ces derniers jours, elle se tint debout, les poings indécemment posés de chaque côté de son flanc la moue furieuse et s’écria :
– Admets-le Jéricho Z Barrons… J’attends…, admets-le ou pars et ne reviens jamais, j’en ai ass….

Barrons ne lui laissa pas terminer sa plainte, dans un élan inconsidéré il la fit tomber sur le sol et l’encercla de son propre corps, un genou à terre de chaque côté du buste d’Arielle et les mains posées de part et d’autre de son visage. Il approcha sa tête de celle de la jeune femme et lui recommanda sévèrement :
– Ne vous avisez plus de me sermonner Lass Rayna !

Arielle ouvrit la bouche pour protester, il la bâillonna aussitôt de sa main gauche et continua :
– Laisse-moi finir femme ! Je ne sais pas ce que vous vous imaginez à mon sujet, mais je ne suis pas celui que vous pensez. Je suis incapable de…, de…, d’aim…, incapable de sentiments. La seule chose qui m’intéresse c’est de bais…

            Arielle aurait souhaité lui hurler qu’il se moquait d’elle, ou bien qu’il se leurrait. Que croyait-il avoir fait pendant les longues minutes de leur chaste accolade ? Et même, quand il lui faisait l’amour ? Oui, j’ai bien écrit lui faisait l’amour car il ne s’était pas contenté de la posséder, non, il l’avait aimée à cet instant-là. Il était le seul à le nier ! Or, pour la première fois de sa vie, il s’était donné avec une présence sans borne et des intentions bien plus pures qu’habituellement.
C’est en entendant le verbe dégradant qu’il allait employer, qu’Arielle lui mordit la paume de la main car Barrons avait négligemment desserré sa pression pendant son discours.
Il la retira alors tout en vociférant de surprise et elle en profita pour suffisamment se lever, déposer ses mains contre les épaules de l’homme et le basculer à son tour. C’était désormais elle qui le dominait de la même manière que Barrons l’avait fait ! Il se voulait un air contrarié, mais il ne put réprimer un sourire quand Arielle se pencha davantage et lui offrit une vue charmante de sa poitrine finement recouverte par le tissu abîmé qu’elle portait. Ce spectacle suscita une érection des plus vaillantes chez notre Homme mais Arielle ne la remarqua pas puisqu’elle se tenait au-dessus de lui sans le toucher. Barrons appréciait énormément l’audace et le courage de cette jeune femme qui le défiait. Aucune femme ne l’avait jusqu’à présent malmené comme elle le faisait. Ses précédentes conquêtes étaient parfaitement soumises. Il aimait cette attitude d’asservissement bien entendu, mais Arielle présentait diverses facettes qui l’intriguaient.
Elle planta alors son regard dans celui qu’elle souhaitait déstabiliser. Ce dernier était difficile à décrypter car il témoignait de sa colère, de son affront et en même temps de sa tendresse qu’elle ne parvenait pas à refouler. Arielle l’encouragea à se dédire :
– Alors Barrons, redis-moi je te prie que tu n’attendais de moi qu’une simple coucherie ! Regarde-moi dans les yeux et affirme-moi que tu n’as rien ressenti lors de nos ébats !

Barrons demeura silencieux, il ne savait que répondre, que faire, tandis que ses quatre petites voix se réveillèrent en même temps et que chacune tentait de se faire entendre. Un sacré charivari régnait dans son esprit. Arielle insista alors :
– Eh bien Lord Barrons, j’attends…, j’attends vos protestations, vos médisances, vos… Que vous arrive-t-il Barrons, peut-être avez-vous perdu l’usage de la parole ? le nargua-t-elle dans un sourire mesquin.

Ne supportant plus d’être si effrontément houspillé, Barrons se releva à la hauteur d’Arielle pour la renverser et la maîtriser à nouveau. Mais c’était sans compter la force incroyable de la jeune femme qui parvint à refaire de même. Ils firent ainsi quelques roulades jusqu’à ce que Barrons prenne définitivement le dessus avec force et bougonne :
– Mais que penses-tu faire Arielle ?
– Ah, le retour d’Arielle ! ricana-t-elle.
– Och ! Mais que vous êtes agaçante Lass Rayna ! s’énerva Barrons.
– Pfffff, que tu m’énerves Barrons ! renchérit Arielle.
– Och, aye ! Je t’énerve moi… ?! s’amusa-t-il.
– Aye ! Tu m’excèdes ! railla-t-elle.
– Et toi alors ?! s’emporta-t-il.
– Quoi moi alors ?! le provoqua-t-elle.
– Rien…, tu es…, tu es… exaspérante ! murmura-t-il renonçant.
– C’est moi qui suis insupportable ?! l’interrogea-t-elle d’un ton enjôleur.

Barrons, vaincu, une fois n’est pas coutume, par un petit bout de femme, commença à se relever quand Arielle l’attrapa énergiquement par le sporran[1] de son tartan et le défia :
– Où crois-tu aller comme ça ? Tu penses peut-être m’abandonner une nouvelle fois ? l’apostropha-t-elle un sourire illuminant son visage d’ange.
Arielle l’attira alors à elle, se jeta sur ses lèvres comme une furie et l’embrassa avidement. Barrons ne tarda pas à s’enflammer. Sentant qu’il se laissait aller, Arielle interrompit son baiser, le força à s’éloigner pour le questionner :
– Comment je m’appelle ?
– Mais que fais-tu ? Tu veux ma mort ou quoi ? répondit Barrons fatigué de leur chamaillerie.
– Comment je m’appelle ? réitéra-t-elle.
– Arielle ! se résout-il à susurrer.
– Redis-le ! s’obstina-t-elle.
– Arielle ! dit-il plus d’un ton plus affirmé.
– Plus fort ! lui ordonna-t-elle dans une mine déjà réjouie et comblée.
– Arielle ! articula-t-il en la dévorant de ses yeux affamés.
– Alors cher Jéricho ne t’avise plus de m’appeler autrement désormais !

Tous deux éclatèrent de rire en même temps, s’écroulèrent à terre et rigolèrent à gorge déployée de plus en plus fort. La tension accumulée ces derniers jours s’envola d’un coup.
Vous l’aurez compris, notre Homme avait rencontré la première femme de son existence à la hauteur de son caractère bien trempé ! Malgré leur appartenance à une espèce différente, ils partageaient le même élan de vie, la même fougue, la même impétuosité, la même ténacité et surtout, le même respect et intérêt l’un pour l’autre. Finalement, ils étaient assez similaires…
Allongés l’un contre l’autre, lorsqu’ils n’eurent plus la force de rire, ils se tournèrent l’un vers l’autre, se regardèrent profondément et sans un mot, leurs bouches se trouvèrent et s’unirent ! Ce fut le commencement d’une longue étreinte et aussi, leur première fois après une discussion aussi prolixe sans fuite. Elle marqua le début de leur vraie relation…


            Après quelques heures câlines, Arielle nue contre le corps également dénudé de Barrons, heureuse comme jamais, se rappela pourtant ses paroles à propos de son sommeil de la veille, le pensait-elle. Elle avait alors cherché à comprendre ce qu’il avait insinué quand il lui avait dit qu’elle n’avait pas dormi. D’ailleurs, elle ne se souvenait plus exactement du déroulement des derniers événements avant son réveil dans les bras de Barrons. Elle lui avait alors fait part de sa confusion. Son bien-aimé lui avait précisément expliqué qu’elle était restée inconsciente presque cinq jours consécutifs, que des charlatans avaient déclaré à Hawk et lui-même, qu’elle était perdue. C’est pourquoi Barrons l’avait ramenée ici. Il souhaitait qu’elle s’éteigne dans un endroit qui avait une résonance particulière pour elle.
Arielle bien que sidérée par ce récit concernant sa longue perte de connaissance dont elle n’avait aucune souvenance, fut touchée et émue qu’il ait fait en sorte d’accomplir ses derniers éventuels vœux.
Il passa en revanche sous silence son affectueuse veillée, Arielle n’avait pas besoin de savoir à quel point il s’était senti désemparé sans elle. Au demeurant, avait-il été si atteint par le sort d’Arielle ? Il refusait d’accepter l’évidence qu’il ne tarderait pas néanmoins à admettre.


Lorsqu’elle était enfermée dans les dédales de sa psyché, Arielle avait revécu d’innombrable fois, une situation réellement endurée quelques mois plus tôt.
Bien qu’elle n’en sache rien, elle s’était débattue de toutes ses forces pendant presque cinq jours pour se soustraire à la présence pénible et haineuse d’un fantôme de son passé qui l’avait serinée des mêmes affirmations et questions rhétoriques énigmatiques :
Tu dois revenir parmi nous, de toute manière tu es mienne, tu m’appartiens et le Roi t’imposera de rester ici, tu ne pourras plus t’échapper ma Princesse ! Même la Reine aussi bonne soit-elle avec toi, et malgré toute son affection pour toi, ne consentira pas à ton départ vers ce royaume.
Comment as-tu pu préférer ce moins que rien à moi ton maître ? Moi qui ai toujours assouvi le moindre de tes désirs, aussi farfelus fussent-ils ! De quel plaisir te comble-t-il plus que je ne puisse le faire ? Qu’a-t-il de plus que moi ? Ce Hawk n’est rien de plus qu’un homme prétentieux, dénué de tout principe ainsi que d’honneur. Il n’a rien à t’offrir !
Et puis, tu es ma promise, ma bien-aimée depuis toujours ! Je ne te laisserai pas me quitter !

Ce malfaisant avait aussi répété à de nombreuses reprises le terme inconnu d’Aniabeilla. Même si lors de ses hallucinations l’évocation de ce mot ne lui évoquait rien de concret, Arielle avait tout de même éprouvé une sensation étrange. Toutefois, il ne viendrait pas la hanter à nouveau avant quelques nuits.

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– Mais où étiez-vous passés tous les deux ? s’affola Hawk lorsqu’il croisa Barrons et Arielle ensemble sur le chemin du retour en fin d’après-midi, dans un des jardins du château.
Sans leur laisser le temps de répondre, il enchaîna :
– Comment te sens-tu Arielle, tu as l’air plutôt en forme pour une mourante ? gronda-t-il.
– Je me sens plus vivante que jamais Hawk, merci de t’en inquiéter, répliqua-t-elle rayonnante.
– Tu plaisantes Arielle, je me suis fait un sang d’encre pour toi et tu te pointes au bras de Barrons radieuse comme une fleur, comme si tu n’avais jamais dépéri ! Que s’est-il passé nom de nom ?!
– Calme-toi Hawk, laisse tranquille Lass Rayna, elle a besoin de repos, s’interposa Barrons.
– Alors ça y est tu nous sers à nouveau du Lass Rayna hein Barrons ?! J’ai du mal à te suivre ! Vous allez me dire tout de suite ce qu’il en est de votre relation !
– Quelle relation Hawk ? Il ne se passe rien entre Lass Rayna et moi. Que pourrait-il bien y avoir entre cette damoiselle et moi ?! Tu sais bien que je les aime bien plus…, bien plus… Bref, fous-moi la paix Hawk avec cette histoire et ta jalousie déplacée !

Arielle, contrite par les paroles blessantes de son bien-aimé, s’enfuit les larmes aux yeux en courant vers ses quartiers. Elle était talonnée par Hawk qui n’en avait pas fini avec elle.
Barrons partit dans la direction opposée lui-aussi très chagriné par les propos qu’il avait tenus. Il n’avait pu faire autrement ; il n’avait pas envie d’affronter l’hypothétique courroux de son ami. Et puis, il avait tout d’abord besoin de faire le point sur la tournure qu’était en train de prendre sa nouvelle fréquentation. Était-il prêt à s’engager dans une liaison ?

ENFER !!!!!!!!!!!!!!!!! Faut que j’intervienne ! Je n’en peux plus de supporter ces conneries ! Non je n’étais pas prêt, bien évidemment que je n’étais PAS prêt et que je ne le serai jamais puisque je n’ai besoin de personne, je me suffis à moi-même !
Mon Ondine est un accident de parcours, ma poupée Arc-en-ciel n’en sera pas un, je veillerai, vous pouvez me croire, à ne pas sombrer dans le mélodrame, comme Arielle cette foutue bonne femme, m’a contraint à le faire !!!
Faîtes chier avec votre sentimentalisme, à quoi ça sert hein ? À part vous dévaster et vous détruire quand ce putain de Destin en a décidé ainsi, ou plutôt que certains vauriens s’en mêlent !

            Suite à ce bref coup de gueule, continuons sur la colère éprouvée par Barrons après avoir médit sur son éventuelle relation avec Arielle. Cette querelle fit remonter à la surface une interrogation quant à la marque sensuelle que cette dernière devrait posséder puisque Hawk avait apparemment connu intimement Arielle. Cette pensée lui déplut et même le répugna au point d’attiser son énervement. Il lui était insoutenable d’envisager son Arielle dans les bras de Hawk et pire même, être sa maît…

            Bon ça va, on a compris je crois ce que Hawk avait fait à Arielle, si on pouvait sauter ce passage, ça m’éviterait de m’accaparer de la fin de l’histoire et de bousiller toute l’intrigue écœurante que vous stupide narratrice, vous êtes efforcée depuis si longtemps à mettre en place et de saboter ainsi la pathétique portée émotionnelle que vous souhaitez conférer à une tragédie ! Maudit soit le jour où j’ai accepté de vous conter cette parenthèse de ma vie de débauche !!!

            Donc, Barrons, comme souvent n’est-ce pas, était hors de lui, c’est à se demander si cet homme s’apaise parfois ??? Bref, il ne comprenait pas comment l’empreinte sensuelle de Hawk avait pu s’effacer. Arielle était irrévocablement une femme mystérieuse. Mais si elle ne possédait plus la trace de Hawk, possédait-elle la sienne désormais ?

            Bien sûr que la mienne s’est gravée au fer rouge sur le cœur d’Arielle, cette marque sensuelle ne s’appliquait en général qu’aux corps des femmes conquises, mais mon Ondine était différente ! Et avec toute la meilleure volonté du monde, ce pauvre Hawk n’a jamais pu la faire sienne à nouveau. Arielle ne l’aurait de toute manière pas souhaité, j’étais tout pour elle, elle a renoncé à tout l’or du monde pour moi... Et puis, il n’y avait qu’une simple affection amicale entre eux, rien de plus, ou du moins, rien de plus dès lors que j’ai fait irruption dans sa vie. Mais Hawk a mis du temps à approuver notre union, son ego masculin et sa virilité en ont pris un coup avec cette histoire. Cependant, même s’il a été furieux pendant cinq mois environ, il ne nous en a pas tenu rigueur au-delà.
Putain, mais qu’est-ce que je fous moi ?! Faut que j’arrête de répondre connement aux questions qui ne me sont même pas adressées ! Vous me prenez un temps précieux alors arrêtez de vous interroger quant à mon sujet, contentez-vous de m’aduler et de baver sur vos écrans d’ordinateur quand vous me voyez, ça suffit de me solliciter comme ça ! J’ai une vie moi, je ne…
Bon merde, je me casse !

            C’est très agréable de lire notre Homme, mais à chaque fois, je perds le fil du récit, alors où en étais-je ?
Ah oui ! Même si aujourd’hui, avec cinq cents ans de recul, Barrons sait pertinemment que cette trace charnelle était devenue une empreinte sentimentale, à ce moment-là, il s’interrogeait sur l’étrangeté de cette affaire. Il avait disparu bien trop tôt pour savoir si Hawk avait détecté cette marque sensuelle sur Arielle. Mais je peux d’ores et déjà vous le confirmer : ce n’est pas en la dépistant que Hawk a découvert la relation consommée d’Arielle et de Barrons. Non, il ne percevra jamais cette marque sur le corps d’Arielle, c’est leur comportement puéril à tous les deux qui les avait trahis et, par la suite effectivement, il avait senti que l’âme d’Arielle appartenait à celle de Barrons et qu’ils étaient irrémédiablement liés.
Bon, laissons notre homme se calmer, le temps de prendre connaissance du ressenti d’Arielle.

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Hawk avait poursuivi Arielle jusqu’à sa chambre. Sous couvert de souhaiter s’assurer qu’elle allait parfaitement bien, il voulait en savoir davantage sur ce qui s’était passé ces derniers jours. Elle préféra taire pour l’instant la relation naissante entre elle et Barrons, mais lui raconta quelques bribes de cet épisode.
Elle lui avoua avoir passé de nombreux moments près d’un Loch retranché dans la forêt jusqu’au jour où, par un curieux hasard (!!!), elle y avait rencontré Barrons. Elle avait alors confié à cet homme, apprécier cet endroit. Ce qui expliquait certainement son pressentiment de la retrouver dans ce lieu et la raison qui l’avait poussé à l’y ramener pour terminer sa vie. Mais contre toute attente, sans savoir pourquoi, ni comment, deux jours plus tard, sa santé physique était revenue et aujourd’hui, elle se sentait aussi en forme qu’avant cette incompréhensive et fâcheuse perte de connaissance qui avait alerté tout le monde pour rien finalement. Barrons l’avait pieusement veillée, patientant jusqu’à ce que la mort l’emporte.
            Hawk était sceptique concernant la veillée désintéressée de la part de son ami mais n’en témoigna pas à Arielle qui manifestement avait besoin d’un moment d’intimité afin de faire peau neuve et de se vêtir d’une toilette propre.
Il décida d’organiser un banquet le soir même en compagnie de Grimm, Lydia, Barrons et quelques-uns des résidents du palais pour célébrer sa pseudo-résurrection. Arielle se serait bien passée d’une telle fête en son honneur, mais la perspective de dîner avec Barrons la convainquit. Toutefois, elle n’avait pas du tout l’impression d’avoir été à l’article de la mort quelques heures plus tôt, son corps était en parfaite condition. Dès qu’elle se serait baignée et apprêtée de la tenue et des bijoux mis à disposition par Hawk pour l’occasion, personne ne pourrait penser qu’Arielle était considérée condamnée seulement douze heures plus tôt.

Elle eut à peine le temps de se prélasser une heure dans un bain qui la détendit prodigieusement que sa gouvernante vint frapper à la porte pour lui indiquer qu’il était temps de se préparer pour cette fameuse soirée. Elle avait refusé de réfléchir à la probable distance que Barrons lui imposerait, elle avait préféré se reposer un instant avant d’affronter Hawk et Barrons ensemble.
Une demi-heure plus tard, Arielle, plus resplendissante que jamais se rendit dans le salon où la réception était donnée. Lorsqu’elle entra dans la pièce, les conversations cessèrent et tous les hommes sans exception la contemplèrent avec un certain désir au coin de l’œil. Hawk avait d’excellents goûts et savait admirablement mettre la silhouette d’une femme en valeur.
Il lui avait offert une robe d’un ton violine qui s’accordait à la perfection avec la rivière de diamants qui ornait son cou très dégagé par le corset dont le décolleté affriolant soulignait la grâce de ses seins. Son port de tête était également rehaussé par la parure de boucles d’oreille pendantes assortie au collier. Cette cascade de diamants était elle-même très visible en raison de sa longue chevelure redressée en couronne de tresses sur le sommet de sa tête. Seules quelques mèches coiffées en boucle à l’anglaise retombaient sur ses épaules dénudées. La robe cintrée au niveau de la taille lui dessinait des formes magnifiquement sculptées. Le derrière du corset était également échancré et dévoilait une partie du haut de son dos, lui-même musclé pour une femme, mais néanmoins fin. Le lacet noir qui s’y entrecroisait soigneusement, rajoutait une touche raffinée à cette robe dont la jupe bouffante cachait des chaussures de verre lui donnant un charme supplémentaire lorsqu’elle soulevait gracieusement sa robe. Bref, Arielle était à couper le souffle. Barrons faillit s’en décrocher la mâchoire, enfin, il était loin d’être le seul…
Malgré tous les regards tournés vers elle, la jeune femme se sentait étrangement à l’aise, comme si elle était habituée à provoquer une telle réaction lorsqu’elle était si divinement accoutrée. C’est donc la tête haute, un sourire éclatant et dans une démarche assurée qu’elle s’avança vers son hôte.

            Arielle était assise entre Hawk et Lydia et avait Grimm en face. Barrons était plus éloigné, mais de l’autre côté de la table, ils pouvaient donc quand même s’accorder des œillades discrètes.
Mais apparemment, Hawk n’était pas dupe de leur manège car soudainement il fit une remarque déplaisante et aussi, très déplacée, à Barrons concernant l’éventualité d’une relation cachée entre lui et sa dulcinée. Ce dernier s’emporta violemment :
– Mais quand vas-tu comprendre Hawk que tu ne représentes rien de plus pour Lass Rayna qu’un toutou ennuyant ?!
– Lord Barrons, je ne vous autorise pas à parler en mon nom, protesta Arielle, sans toutefois démentir.
– Tu vois, elle ne me contredit même pas, je crois qu’il est temps que tu te résignes à l’idée que ce n’est pas ta propriété Douglas !
– Ce n’est pas la tienne non plus Barrons ! objecta Hawk.

Arielle se leva si brutalement qu’elle renversa sa chaise, tapa des poings sur la table et s’égosilla :
– Vous me fatiguez tous les deux avec votre querelle infantile. Je ne suis la propriété de personne, vous m’entendez ?
Aucun ne répondit, elle se tourna alors vers Hawk et l’informa :
– Hawk, puisque tu es si suspicieux, oui j’ai couché avec Barrons…, à plusieurs reprises même, c’était fort agréable et je recommencerai si j’en ai l’occasion.

Un sourire satisfait s’apprêtait à s’étirer sur les lèvres de Barrons lorsqu’il entendit :
– Quant à toi Jéricho, je t’ai formellement interdit de m’appeler par mon nom ! Si tu espères poursuivre notre relation, il est temps que tu l’intègres !!!
Barrons ne rechigna pas, au contraire il baissa la tête, gêné par cette injonction, cherchant une réplique acerbe Barronesque, mais à ce moment-là, son esprit sarcastique flancha.

            Arielle, néanmoins embarrassée pour la mère de Hawk qui l’observait d’un air surpris mais solidaire, se disculpa :
– Lydia, ma chère amie, vous êtes si bonne et généreuse avec moi que je suis sincèrement désolée pour la gêne occasionnée, mais vous devez savoir qui vous hébergez ! J’en ai assez de prétendre être une autre. Pardonnez-moi s’il vous plaît.

            Et pour terminer, elle proclama principalement à l’attention de Barrons et de Hawk, les regardant tour à tour :
– Sur ce, veuillez m’excuser mais vous m’avez coupé l’appétit messire, je me retire. Et ce n’est pas la peine de venir se plaindre, se justifier ou encore me réprimander, laissez-moi tranquille pour la soirée ! Et cela est valable pour tous les deux ! ajouta-t-elle en fulminant et en les désignant du doigt.

Barrons quitta la table également tout en maugréant des paroles à peine perceptibles, il s’insurgeait contre la prétention et l’aplomb avec lesquels Arielle l’avait blâmé ! Il tenait à ne pas perdre la face auprès de Hawk et de son entourage.
Cependant, même s’il ne voulait pas le reconnaître, il était enchanté que Hawk sache enfin qu’Arielle ne s’intéressait pas à lui. Elle l’avait choisi lui et l’avait fait savoir à tout le monde de manière certes tonitruante mais pour le moins, radicale.
Un nouveau chapitre s’annonçait…

***



[1] Définition de Karen Marie Moning : le sporran est une « aumônière en cuir, parfois agrémentée de fourrure, portée sur le devant du tartan. »

jeudi 28 juin 2012

Réunion des Barrons Addict Anonyme #13



Salut mon poulet au curry,

Je sais que cette semaine j'ai pas eu le temps de trop vous poster des choses, mais je ne vais quand même pas louper la réunion hebdomadaire des BAA. Et oui nous sommes déjà jeudi, alors joie dans ton string. Tu vas enfin pouvoir évacuer toutes cette pulsion Barronesque qui sommeille en toi. Surtout qu'avec les premiers chaleurs je sais pas toi mais moi ça fleure pas l'été dans un petit saladier au fond de ma culotte mais bon ça c'est encore un autre souci.
J'annonce donc officiellement ouverte la 13eme réunion des BAA.

"Bonjour moi c'est Jacinthe, Pétra vient de me rendre les 2 premiers tomes et je rerespire à nouveau. Par contre plus je lis des répliques et plus j'ai envie que ce marathon avec vous se rapproche à grand pas, plus j'ai envie qu'il soit là face à moi nu en train de me faire la danse du caribou. HAAAAAAAAAAAAAAAAA enfer."





lundi 25 juin 2012

Jericho Z Barrons et l’Ondine sibylline #13 par Erika Cazaux


Salut à toi l'ami,



Alors nous sommes lundi et quoi de mieux pour commencer la semaine qu'un nouvel extrait de la fanfiction d'Erika. Attention j'annonce qu'on rentre dans le vif du sujet. Alors installe toi confortablement, sers toi un apéro, des noix de cajou, enlève ton soutien gorge qui commence à te compresser les mamelons et savoures le tout. 
Prêtes? 


EXTRAIT 12




Made in @ceres



Jéricho Z Barrons et l’Ondine sibylline

Extrait n°13

            Seulement une heure plus tard, les gazouillis de charmants bec-croisés d’Écosse, une espèce de passereau peuplant les forêts calédoniennes des Highlands, extirpèrent de leur bref repos les deux amants repus. Arielle souhaitait prolonger l’étreinte des bras réconfortants de son bien-aimé, mais celui-ci s’arracha à elle brusquement. Elle ressentit alors une vive peine, comme si une partie d’elle-même venait de lui être retirée. Alors qu’elle s’apprêtait à protester, l’homme gronda :
– Réveillez-vous Lass Rayna ! Réveillez-vous, petite inconsciente !!! Voulez-vous que Hawk s’inquiète de votre absence ?!
Ces paroles eurent pour Arielle l’effet d’une gifle survenue de nulle part. Déconcertée par la véhémence de celui qui se tenait au-dessus d’elle et la secouait violemment, elle balbutia :
– Jéricho…, mais enfin…
– Nay, moi c’est Lord Barrons, Lass Rayna ! lui asséna-t-il en ajustant son tartan.

            Arielle, désormais à moitié recouverte par sa propre robe promptement jetée sur elle par Barrons, se redressa et chercha à comprendre l’absurdité de la situation :
– Mais…, mais…, et cette nuit alors…, n’était-elle pas fantast…

            Barrons ne supportant pas d’entendre une quelconque amabilité de la part de celle qu’il se devait absolument de repousser, s’ordonna mentalement de la blesser de façon virulente et lui tint un discours atroce :
– Quoi cette nuit ? Aye, nous avons pris du plaisir, nous nous sommes bien divertis, c’était sympa, une agréable coucherie, ni plus ni moins ! Maintenant si nous pouvons prétendre que rien n’a eu lieu, ce serait encore mieux Lass Rayna, cela éviterait un infarctus probable à Hawk ! Je vous laisse retrouver seule le chemin de la sortie, il me semble que vous connaissez tout aussi bien que moi cet endroit !
            Il avait porté ce coup en un seul souffle, craignant ne pouvoir l’infliger jusqu’au bout s’il faisait une pause. Puis, sans même un regard en arrière, il avait une nouvelle fois abandonné Arielle. Totalement désemparée par l’attitude odieuse de celui qu’elle aimait plus que tout, elle n’eut la force de se relever et s’effondra sur le sol qui lui parut à cet instant-là bien plus dur et austère que la nuit précédente.
Elle demeura un long moment recroquevillée, nue et dans un état funeste sur une terre désormais souillée. Soudain, une violente douleur lui déchira les entrailles, lui coupa le souffle et un son s’étouffa dans sa gorge avant qu’elle ne perde connaissance.

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            Barrons s’était imposé une nouvelle affliction. Malgré le plaisir vécu, mais surtout le bonheur éprouvé lors de cette nuit exceptionnelle, pendant sa courte heure de sommeil, un cauchemar des plus horribles l’avait terrorisé. Heureusement, le chant mélodieux des oiseaux l’avait brutalement extrait de cet épouvantable scénario. Au départ, ce qui était un magnifique rêve tout en douceur, certes chaperonné d’une touche sentimentale répulsive, car bien trop prononcée au goût de notre Homme, s’était transformé en catastrophe. Alors qu’Arielle et lui vivaient une relation amoureuse épanouie et largement consommée charnellement depuis quelque temps, inopinément, un monstre sans visage mais d’apparence répugnante lui déroba Arielle des bras. Or, en dépit de sa force surhumaine, il n’était pas en mesure d’attaquer le ravisseur, celui-ci étant seulement un hologramme. Barrons perçut alors Arielle prisonnière d’une cage dont les barreaux le laissèrent perplexe. Divers pentagrammes étaient gravés sur chacun d’eux. À cette époque notre Homme n’avait pas les connaissances possédées actuellement, il n’en saisit donc pas l’abominable signification. Bien qu’il hélait toujours plus fort Arielle, celle-ci ne semblait ni l’entendre, ni le voir. Peut-être est-elle, elle aussi, seulement un spectre ? se demandait-il. La cage ne tarda pas à s’éloigner de lui, attachée à une licorne majestueuse montée par l’infâme bête. Alors que les oiseaux commencèrent à piailler, Barrons ne discernait plus qu’un vague mirage de son Ondine enlevée par ce scélérat dont le ricanement goguenard le hanta un long instant après son brusque réveil.

Sa petite voix qu’il avait réussi à faire taire les dernières heures durant, avait alors à nouveau résonné dans sa tête et lui avait sommé de fuir un tragique Destin. Paniqué, et encore troublé par les sentiments ressentis pendant ce délicieux moment partagé avec Arielle, il n’avait trouvé d’autres solutions que de l’éloigner définitivement de lui. Il comptait sur la cruauté de ses paroles accompagnées d’un nouveau délaissement pour contraindre Arielle à se détourner de lui. C’était donc la mort dans l’âme qu’il avait brisé tout espoir de relation avec elle. Il s’était montré suffisamment sévère et ferme et surtout, n’avait pas laissé le temps à la jeune femme de répliquer car il craignait plus que tout que son seul sourire ou quelques trémolos dans sa voix si sensuelle ne l’encouragent à se raviser. La seule pensée de l’avoir perdue lui pulvérisait le cœur en un millier de débris. Ce cœur dont il avait tant douté de l’existence jusqu’à sa rencontre avec Arielle. Cependant, au prix d’un effort titanesque, il était parvenu à se retirer. Même si pour elle cet abandon ne représentait qu’un énième, pour lui, il était un supplice. Les précédents avaient été dictés par la colère, or, celui-ci l’était par sa plus grande peur : des forces démoniaques lui ravissant sa bien-aimée.
Absurdement, il pensait que temps qu’il se tiendrait à l’écart d’Arielle, rien de mauvais ne pourrait la faire souffrir. Barrons n’avait pas, à ce moment-là, les idées très claires. Les sensations et les émotions éprouvées la nuit précédente se mélangeaient à la crainte que faisait naître ses nouveaux sentiments et aussi, bien-entendu, à sa récente peur de perdre Arielle. Lorsqu’il l’avait quittée, il n’avait pas réalisé combien cette déchirure qu’il occasionnait dans le cœur aimant de son Ondine était justement ce qui pouvait l’anéantir.

            Barrons était en proie à un conflit intérieur des plus ravageurs. C’est plus excédé que jamais par ce qu’il était en train de subir et également de faire subir, qu’il se rendit à l’écurie où séjournait Asgard afin de le préparer pour se rendre à cette même falaise qui l’avait transformé à jamais ! Les embruns de l’océan, l’air salin, les déferlements maritimes et le vent sifflant apaiseraient probablement la tempête qui faisait rage en son sein.

            Il retrouva avec plaisir son destrier qu’il n’avait pas chevauché depuis quelques jours. À sa manière de le monter, Asgard perçut la tension de son écuyer. Ces temps-ci, c’était courant pour Barrons de connaître cet état. Ses derniers périples avaient toujours la même destination. Son maître avait besoin de se ressourcer ou plutôt de se détendre dans un environnement aussi impétueux que lui. En effet, cette falaise dominait un pan côtier relativement court et étroit mais les vagues y étaient très impressionnantes. Le spectacle qu’elles offraient était à couper le souffle, leurs crêtes pouvaient atteindre jusqu’à six mètres de hauteur lorsque le coefficient de marées était élevé. De plus, leurs rouleaux tous plus parfaits les uns que les autres progressaient dans un rythme effréné et harmonieux. Et lorsque les vagues arrivaient en bout de course, elles se fracassaient dans une mélodie tonitruante faisant jaillir des projections d’eau jusqu’à une hauteur phénoménale. L’océan semblait effectivement bercer les rares personnes qui osaient venir sur cette plage dangereuse, de son chant rauque et lancinant. Une brise froide et saisissante accompagnait quasiment à longueur de temps cette représentation. Seule l’écume laissait une trace du passage de cet élément naturel journellement ébranlé.
Paradoxalement, observer ces vagues si vigoureuses et puissantes apaisait notre Homme. Il avait la conviction que ce déchaînement emportait sa propre colère et le nettoyait de l’intérieur. Cette purification était d’un immense secours lorsque nous nous prénommions Jéricho Z Barrons et que nous étions très fréquemment soumis à des accès de rage.
C’est pourquoi, bien qu’une crainte irrationnelle ne l’empêchait de pénétrer les eaux de ce coin paradisiaque pour lui, il ressentait très souvent le besoin fondamental de s’y rendre. Il appréciait énormément de contempler les mouvances houleuses de cette étendue, perché dans une des concavités retranchées dans le giron de la falaise, et notamment quand une tempête sévissait. Malgré la brume et l’obscurité présentes lors de ces déferlements océaniques, sa vision outrancièrement développée lui permettait de se délecter d’un divertissement climatique inaccessible à l’être humain.
Barrons avait rejoint cette falaise en milieu de matinée et à ce moment-là, il se sentait si… Comment se sentait-il d’ailleurs ? Il faudrait qu’il nous fasse partager la dissonance vécue et ses pensées totalement ambivalentes. Cinq siècles plus tard, le bouleversement éprouvé à cet instant lui a laissé un souvenir tellement vivace qu’il pourrait peut-être, avec ses mots à lui, nous décrire cet état de totale confusion ???

            ENFER !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Encore elle vient m’emmerder celle-là avec son envie que je vous raconte ce qui me déchirait les entrailles après avoir quitté à contrecœur Arielle alors que je venais de vivre le plus exquis des moments de ma très longue vie !
Pffffffff, je vais m’y résoudre mais uniquement pour donner ma vision des choses et aussi afin d’éviter qu’elle ne romance et n’enjolive trop une anecdote pitoyable !!!

Dès les premiers rayons solaires perçant avec difficulté la couche nuageuse qui s’était approprié le ciel la veille au soir déjà, j’ai lâchement abandonné Arielle à son sort.
Eh oui, vous qui me vouez un culte absolu, un culte sans concession et en même temps parfaitement ridicule petites sottes !!! Je me suis conduit lâchement à ce moment-là.
C’est d’ailleurs le dernier acte lâche accompli de tout le reste de ma vie. Je l’ai suffisamment regretté pendant quelques heures ! Alors si aujourd’hui vous me connaissez aussi protecteur, même si ce n’est que tapi dans l’ombre, avec ceux ou plutôt celles, qui représentent un intérêt particulier à mes yeux, c’est parce que je ne faillirai plus à cause d’absurdes craintes. Le concept de peur a été banni de mon existence, désormais j’assume tous mes actes jusqu’à la moindre erreur de ma part, ce qui est assez facile puisque je n’en fais pas !!!
Arielle a fait naître ce que vous pourrez inutilement qualifier une « vie émotionnelle » issue de mon cœur pourtant illusoire, cela demeure un réel mystère encore aujourd’hui…, mais je vous rassure, elle a emporté ce fardeau avec elle ! Oui ce jour-là ou plus précisément le temps vécu auprès d’Arielle m’a rendu faible, mais sa disparition définitive a renforcé ma carapace et je jure que rien ni personne ne lui fera la plus infime des égratignures ! Même une certaine « Poupée Arc-en-ciel » n’y pourra rien ! C’est compris ?! N’attendez rien de moi, vous n’aurez rien !!! Faut vous y faire !

            Merde ! Je me suis totalement égaré de mon propos initial… Arrêtez de glousser comme des bécasses petites imbéciles, je sais combien vous avez besoin de vous expliquer ma « bad-boy attitude »… Non mais de mieux en mieux vos putains d’expression, parfois c’est à se demander si vous n’êtes pas seulement bonnes à devenir des Pri-Ya au moins vous serviriez à quelque chose !!!

            Bon je reprends et ne prenez pas trop plaisir à me lire sinon je vous tue ! Seul moi peux me réjouir du malheur des autres. Sortez les mouchoirs si vous le voulez petites émotives, mais ne vous avisez pas à vous montrer compréhensives ou soutenantes. Je ne veux pas de votre compassion ou pire de votre foutue pitié, je veux juste que vous me foutiez la paix après ça !
            Alors que je descendais à travers les landes de bruyères vers la plage, je me sentais exagérément perturbé. Quatre odieuses voix contradictoires retentissaient dans ma tête et elles me gonflaient à un point que vous n’imaginez même pas !
D’un côté, l’une me félicitait de cet abandon en critiquant vivement la langueur qu’Arielle induisait chez moi. Elle me rabâchait inlassablement : « C’est vraiment trop insensé d’accorder de l’attention et de l’importance à une personne qui ne le mérite pas. Tu es un cavalier solitaire, tu n’as pas besoin d’attache ! Et encore moins d’une femme à ton crochet alors que tu peux posséder toutes celles que tu veux sans même leur devoir quoique ce soit. Non ce serait trop stupide de devoir se traîner un boulet ! Tu es bien seul !!! »
Une deuxième voix, plus nuancée, craignait une prochaine vulnérabilité si je me laissais aller à des émotions. « Tôt ou tard tu souffriras inutilement, c’est franchement plus simple de s’éviter une épreuve futile ! » jacassait-elle.
Une autre, totalement conquise par Arielle me sommait de la rejoindre, de m’excuser pour mon attitude aberrante et de lui révéler mon envie de la fréquenter !
Et la plus pernicieuse de toutes m’ordonnait une totale honnêteté au sujet de mes prétendus sentiments à la con !!!

Tandis que j’approchai de la plage, ma bestialité parvint à prendre le dessus sur toutes ces tergiversions et à faire brutalement taire ces voix en commandant à mon corps de courir. D’un coup de main, je me débarrassai de mon tartan. Eh oui ! C’est totalement à poil que je plongeai tête baissée dans les vagues de cette immensité qui jusqu’à présent m’avait rebuté. Avouez femmes, j’en ai perdues là hein ???
Bref, braver l’océan était la solution tout à fait pertinente qu’envisageait ma partie animale pour interrompre ces croassements éreintants. Or, le choc fut à la hauteur du malaise qui me tourmentait !
Je me baignais régulièrement et avec plaisir dans des eaux douces mais jamais dans l’océan. Le contact avec l’eau salée et agitée me fit l’effet d’un électrochoc. Mon corps…, ce corps que je maîtrise à la perfection, pas besoin de vous faire un dessin, ne niez pas, vous le savez pertinemment pour en rêver toutes les nuits, à défaut de jouir du vôtre, quel sacrilège !
Bon, mon corps pourtant si résistant habituellement, réagit fortement ! Il sembla ne pas supporter la rencontre avec cette eau pourtant si pure. Je sentis mes entrailles se déchirer, mes os se briser, mes organes s’écarteler et mes membres s’étirer. Ma tête était au bord de l’explosion. La douleur occasionnée était tout bonnement insurmontable, ce n’était plus des sons humains qui s’arrachaient de ma gorge ravagée par un incendie. Je n’articulais plus des mots intelligibles mais rugissais tel un lion en furie. J’avais la sensation de me décomposer. Heureusement pour ma misérable carcasse, j’étais resté en bordure puisque la réaction avait été instantanée ; c’était la première fois que je vivais une telle expérience métabolique. Malgré la souffrance qui me meurtrissait, je ne sais comment, mais je réussis à m’extirper de l’emprisonnement fatal de mon adversaire déloyal, ou alors ce fut l’océan qui me rejeta, moi Jéricho Z Barrons, difficilement envisageable, enfin…
Bien qu’épuisé physiquement, j’ai ensuite rampé jusqu’au banc de sable qui m’assurait un certain éloignement de cette eau maudite. J’étais totalement vidé, autant si ce n’est plus, qu’après une excellente bai…, partie de jambes en l’air. J’ai perdu connaissance pendant au moins six heures puisque le jour vivait ces derniers instants lumineux. Je pus assister au coucher du soleil toujours obscurci par un voile nébuleux qui prenait alors des couleurs rose-orangé, cette scène était époustouflante !
Mon corps avait besoin d’heures supplémentaires de repos afin de se régénérer entièrement. Dans un pas lent et chancelant, j’atteignis finalement la grotte occupée quelques temps plus tôt avec mon Ondine. À peine arrivé, je m’écroulai sur le sol et sombrai dans un sommeil certes réparateur, mais tout de même troublé pour les trente-six heures suivantes.

            Et sur cette trêve, je me casse, j’ai mieux à faire là tout de suite que de vous narrer la suite de ce navrant épisode. L’autre idiote qui me sert de « biographe », peut prendre le relais. Mais quelle hyper-sensible celle-là, je ne crois pas avoir choisi la meilleure personne pour témoigner de mon ancienne vie, elle fait beaucoup trop dans le fleur-bleue si vous voulez mon avis. Faut que je contrôle tout ce qu’elle écrit, elle a tendance à s’emballer et me fait paraître parfois bien moins cynique que je ne le suis en réalité. Putain ! Va falloir que je la recadre celle-là, toutefois là j’étouffe et j’ai d’autres chats à fouetter, si vous voyez ce que je veux dire, et tant pis pour vous si ce n’est pas le cas, mais ne jouez pas aux innocentes avec moi, ça ne marche pas !!! Contraint et forcé, j’ai survolé vos commentaires laissés lors des réunions des BAA, et franchement vous me… Bref, vous êtes exaspérantes !

            Et il s’en alla laissant résonner son rire glauque dans une pièce qui me semble bien vide et morne maintenant qu’il s’est absenté ! Même après en avoir pris pour mon grade ;-) !!!

Donc reprenons. À en juger par la clarté du jour, il était aux environs de huit heures quand Barrons se réveilla en sursaut et transpirant à grosses gouttes. Il avait retrouvé une forme physiologique olympienne et se doutait donc qu’il s’était reposé plus de deux nuits consécutives. Cependant, une sensation terrible le préoccupait. Une de ses petites voix tentait de le prévenir d’une situation dramatique en cours.
Il décida alors de rejoindre Asgard et de retourner à Dalkeith en toute hâte. Quelque chose n’allait pas…

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– Aniabeilla ??? un murmure lointain arriva jusqu’aux oreilles d’Arielle.

Qu’est-ce que…, où suis-je ? … Je ne vois rien ! J’entends du bruit, quelqu’un est là ! Mais pourquoi fait-il si sombre ? J’ai mal partout, je ne peux pas bouger. Och ! Des pas se rapprochent, quelqu’un est là j’en suis certaine !

– Aniabeilla ??? tel un écho, ce mot incompréhensible est répété.

            Och, misère, mais que fais-je ici ?

– Aniabeilla ???
– Qui est là ? demande Arielle d’une voix faible.
– C’est moi voyons ! répond le ravisseur agacé !
Nay, je ne vois rien justement, je perçois seulement une ombre…, une ombre effrayante. Ce monstre a de grandes dents, un visage difforme, il est anormalement grand…

– Tu ne me reconnais pas ??? Enfin, Aniabeilla, je suis ton maître ! affirme-t-il dans un rire sardonique.
– Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ? Où suis-je ?
            J’ai peur, je ne comprends pas, je ne sais plus…, je ne sais pas ce que je fais ici…, mais…, mais que se passe-t-il ?

– Comment t’appelles-tu ? s’enquiert faussement le bourreau.
– Et vous comment vous appelez-vous ? Je refuse de vous dire mon nom tant que vous ne m’aurez pas expliqué ce que je fais ici ! tente de gémir Arielle d’une voix assurée.
– Petite inconsciente, quand vas-tu cesser de te rebeller ? Quand vas-tu comprendre que tu n’es pas des leurs hein ??? Qu’est-ce que le royaume de Dalkeith a de plus à t’offrir que le nôtre si prolixe ?
– Je ne comprends rien de ce que vous racontez maraud ! Et montrez-moi votre visage, ayez le courage d’assumer vos crimes au moins !
– Oh mais j’assume, c’est juste ton esprit qui refuse de te montrer qui je suis ! s’amuse-t-il de la détresse d’Arielle.

            Je ne comprends pas, mais…, mais comment…, et…, pourquoi ai-je été amenée ici ? Mais…, où étais-je avant ? Pourquoi n’ai-je aucun souvenir d’avant mon emprisonnement dans cette misérable cellule ?

– Que dites-vous, je ne comprends pas ! Et pourquoi fait-il si froid ici ? s’inquiète Arielle.
– Aniabeilla, ma Princesse, quand vas-tu…
– Qui est cette Ania…, moi je m’appelle Lass Arielle Rayna ! réplique-t-elle malgré elle, sans savoir d’où lui vient cette nomination.
– Petite humaine, tu es devenue aussi stupide qu’eux !!! Qu’a-t-il de plus que moi ? Hein, dis-le-moi, imbécile de…, traître ! Notre cour a bien plus de richesses que n’aura jamais ce Laird ! Et de toute manière tu es mienne. Nous nous connaissons depuis si longtemps ! As-tu oublié ???

            Un trou noir engloutit Arielle, puis elle sombra dans les ténèbres. Des sensations désagréables parcouraient son corps, allant du picotement à la douleur aiguë d’une plaie béante. Elle ne reconnaissait pas l’endroit où elle se trouvait, enchaînée par le pied droit à un mur de pierres froides.
Une lumière faible perçait l’unique et minuscule fenêtre, protégée par des barreaux, de la pièce dans laquelle elle était retenue. Elle portait des haillons troués à divers endroits découvrant des parties de son corps qui, considérant les contusions et les ecchymoses, avait été battu. Elle était couverte de poussière et de traces noires. Ses cheveux poisseux encadraient son visage ravagé par la rudesse vécue pendant…, depuis combien de temps était-elle séquestrée ici ? Elle n’en savait rien !
La seule image qui l’avait empêchée de renoncer était un visage masculin, le viril faciès de Barrons. Elle ne connaissait pas sa désignation, mais elle chérissait son expression aimante et se languissait d’en apprendre davantage à son sujet. Or, chaque fois qu’elle commençait à rassembler des fragments de son esprit clairsemé, un homme au visage flou faisait irruption dans cette cellule exiguë et la sermonnait de paroles toutes plus incompréhensibles les unes que les autres. Malgré les insistances de son ravisseur dont elle distinguait seulement des traits grossiers et un air irascible, Arielle ne répondait plus désormais à ses questions identiques posées infatigablement. D’une part, elle refusait d’accorder un quelconque intérêt à son bourreau et d’autre part, elle ne savait que rétorquer. Elle s’était donc enfermée dans le mutisme le plus total et bien qu’à chaque rencontre, elle tentait de garder une trace des informations nouvellement recouvrées, celles-ci disparaissaient pour un bout de temps.

Arielle, brûlante de fièvre, était prostrée exactement au même endroit où elle s’était effondrée deux jours auparavant. Elle n’en avait pas conscience, mais elle revivait inlassablement la même hallucination d’un homme malveillant la maltraitant. Des réminiscences de son passé s’entremêlaient avec des images de sa vie actuelle.

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            Asgard avait galopé aussi vite que possible si bien que Barrons arriva en fin de matinée au domaine. Alors qu’il se rendait dans les quartiers d’Arielle, Hawk surgissant derrière lui l’apostropha :
– Jéricho, mon ami, as-tu vu Arielle ? Elle est portée disparue depuis trois jours ? Sais-tu…
– Que dis-tu Hawk ? Tu n’as pas vu Arielle depuis trois jours ? s’alarma Barrons.
– Tu l’appelles Arielle maintenant ? Dois-je être informé d’une intimité naissante entre vous deux Barrons ?
– ENFER !!! Tu te moques de moi Hawk, Arielle est manquante depuis trois jours et tu te préoccupes de ma vie sexuelle ? hurla-t-il.
– Pardon ? Tu as couché avec Arielle ? Ne me dis pas que tu as…
– Ferme-là Hawk ! Depuis quand tu ne l’as pas vue ?
– Depuis notre…, notre désaccord concernant…, concernant notre jeu coquin et cette histoire stupide de marque sensuelle !
– Et tu as vérifié ses quartiers, blessée par ma…, blessée par votre dispute et tes confessions, ne se serait-elle pas tout simplement enfermée dans sa chambre le temps de guérir de l’affront que je lui ai…, euh je veux dire, le temps de surmonter votre désaccord comme tu dis, de te pardonner et de retrouver foi en l’estime incompréhensive qu’elle te porte !
– Ne sois pas si orgueilleux l’ami, bien sûr que j’ai commencé par là et Arielle n’est pas de celle qui se laisse impressionner par si peu ! riposta Hawk vexé.
– Et où l’as-tu cherchée ? s’enquit Barrons.
– Partout ! Dans tout le domaine et dans les forêts les plus proches !
– Je pense savoir où elle se cache ! affirma Barrons d’une voix grave.
– Que dis-tu Jér…

Barrons s’était déjà volatilisé et sans se soucier de ce que pouvait penser le commun des mortels de sa vitesse surhumaine, il courut toujours plus vite pour se rendre au Loch !

Il ne fut pas surpris de retrouver Arielle sur le rivage, cependant il fut horrifié de constater dans quel état elle se trouvait !

            Barrons se jeta près de ce corps si malmené.
– Arielle ? ma douce, Arielle…, Arielle m’entends-tu ? s’écria Barrons, totalement désemparé.

Il la prit alors dans ses bras et la recouvrit comme il put de sa robe retrouvée à côté de son flanc. Arielle était probablement nue depuis deux jours, les traces de saleté zébrant son corps indiquaient qu’elle était restée ainsi sous les intempéries de nuit comme de jour et notamment sous la pluie, deux jours et non pas trois comme l’estimait Hawk ! Lui, l’avait vue pour la dernière fois deux jours auparavant.
Arielle semblait dans une profonde léthargie et malgré les nombreuses interpellations et secousses, elle ne se réveillait pas. Tant bien que mal, il lui enfila les guenilles de cette robe pourtant somptueuse à l’origine, cala son corps frêle et inerte contre son torse encore chaud de sa précédente course et s’élança précipitamment sur le même parcours emprunté cinq minutes auparavant.
            Il regagna le château très rapidement et conduisit Arielle dans sa chambre tout en persiflant. Il avait fait un tel grabuge qu’il était suivi de près par Hawk. Barrons déposa délicatement sur sa couche la jeune femme qui était dans un piètre état. Il exigea ensuite de Hawk que celui-ci fasse intervenir le médecin le plus expérimenté au chevet de la souffrante. Épouvanté par la vision qu’imposait la jeune femme pourtant si rayonnante d’accoutumée, Hawk rencontra des difficultés à réagir jusqu’à ce que Barrons le rudoie sévèrement. Il accourut enfin, requérir la présence d’un officier de santé, puis partit au campement des tsiganes pour demander l’aide d’un ami guérisseur.
En attendant que le premier thérapeute ne vienne consulter Arielle, Barrons l’installa le plus confortablement possible et lui passa plusieurs linges mouillés sur le visage afin de diminuer la température. Il tenta également d’effacer les marques de saletés qui recouvraient ce corps si magnifique.
            Le premier clinicien n’avait pu rien faire d’autre qu’affirmer que la situation d’Arielle était très critique et qu’il était probablement trop tard pour la sauver. Le meilleur traitement à lui prodiguer était de la veiller et de lui faire ses adieux. Barrons avait vociféré comme un putois en cage et l’avait grossièrement congédié.

            Hawk accompagné d’un homme d’un certain âge et à l’apparence curieuse, entrèrent dans la chambre d’Arielle. Sans même saluer l’homme accablé qui tenait la main d’Arielle, le guérisseur s’exclama contrarié :
– Vous ?!
– On se connaît ? répliqua sur un ton désespéré Barrons.
– Non, mais je suis le père d’une jeune fille que vous avez énormément fait souffrir dernièrement ! Ma pauvre Esméralda ne s’est toujours pas remise, elle…
– Veuillez m’excuser, mais ce n’est pas le moment de s’étendre sur d’anciennes conquêtes éconduites ! s’énerva notre Homme.
– Vous êtes le mal en personne Jéricho !
– Comment m’avez-vous appelé ? Je ne vous autorise pas à vous adresser à moi de la sorte ! brailla Barrons.

L’homme se retourna vers Hawk et l’informa :
– Je suis désolé Hawk, je ne peux rien pour ton amie, elle est condamnée !
– Vous vous foutez de moi, vous ne l’avez même pas regardée ! s’égosilla Barrons.
– Je n’en ai pas besoin, je ne détecte pas son âme, votre amie est déjà partie…, je suis…, je suis désolé Hawk ! Je ne peux rien faire !

            Barrons furieux s’empara du corps fragile d’Arielle, la serra fort contre sa poitrine et détala.
Pour la troisième fois en si peu d’heures, il venait d’arpenter le trajet menant au Loch. Si Arielle était définitivement perdue, autant que son dernier souffle soit rendu dans un environnement qu’elle affectionnait particulièrement.

            Durant plus de deux jours et demi, Barrons avait fermement enlacé le corps malingre d’Arielle. Jusqu’à ce qu’il n’entende le dernier battement de son cœur, il ne desserrerait pas son étreinte. Même si le rythme de celui-ci avait souvent faibli, il ne s’était pour autant pas encore arrêté. Malgré l’épuisement tant physique qu’émotionnel, Barrons refusait de perdre espoir, il n’avait pas bougé d’un iota depuis qu’il s’était assis à l’endroit exact où ensemble, ils n’avaient fait qu’un ! Il la couverait tant qu’elle nécessiterait un tel remède.
Il lui arrivait parfois de la dodeliner en lui chuchotant d’aimables paroles. Il répétait abondamment son prénom qui désormais était cher à son cœur. Il regrettait tellement d’avoir gâché, à cause de ses craintes, tous les précieux moments qu’ils auraient pu partager. Il ressassait régulièrement l’unique instant agréable vécu ensemble. Toutes leurs rencontres sans exception, même celle qui les avait pourtant réunis si passionnément, s’étaient soldées par des dissensions et des retraites.
Ainsi, pendant ces longues heures, il n’avait pu réprimer son angoisse de la perdre et sa prégnante envie d’apprendre à la connaître. Une seule voix régnait alors dans son esprit, elle avait vaincu les trois autres.
Arielle était différente de toutes les femmes rencontrées, enfin…, surtout goûtées précédemment et, maintenant qu’elle s’apprêtait irrémédiablement à le quitter, quelle ironie du sort, lui qui n’avait cessé de la fuir, il la voulait sienne !


Sans aucun signe avant coureur, Arielle émergea de ce profond sommeil comme une fleur qui s’ouvre subitement parce que c’est le moment et, dans un sourire chaleureux et un air radieux, elle lui susurra d’une voix douce :
– Tu es revenu !

***

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