samedi 16 juin 2012

Extrait Fièvre Noire #6


Salut à toi ma petite courge aux olives,


Aujourd'hui on plonge au coeur de notre exploration des extraits de #fievre noire. On avait quitté Mac en plein doute quant à son installation dans l'antre du mâle. 
Je previens on rentre petit à petit dans le vif du sujet.





La personnalité de mon hôte m'intriguait au plus haut point, mais j’avais ma fierté. Il ne voulait pas de moi ? Tant mieux ! Moi non plus, je ne voulais pas de lui.

Ce que je ne m’expliquais pas, c’est qu’il ait proposé de m’héberger pour la nuit. Je n’étais pas naïve au point de croire qu’il avait agi par esprit chevaleresque. Les demoiselles en détresse, ce n’était visiblement pas son rayon...

— Pourquoi m’aidez-vous ? lui demandai-je ce soir- là, lorsqu’il rentra à la librairie.

Je me trouvais là où j’étais installée depuis le matin, dans le coin lecture situé vers le fond du magasin - invi­sible depuis la rue, et tout près de la porte qui menait à la partie privée de l’immeuble... Un livre ouvert devant moi pour la forme, j’avais passé la journée à méditer sur ce qu’était devenue ma vie, et sur l’assor­timent de teintures pour cheveux que Fiona m’avait apporté en arrivant vers midi pour l’ouverture de la boutique.
La fidèle employée de Jéricho Barrons avait super­bement ignoré toutes mes tentatives de conversation et ne m’avait adressé la parole que pour me proposer un sandwich pendant la pause-déjeuner. Un peu après 20 heures, elle avait fermé la librairie et s’en était allée.

Quelques instants plus tard, le maître des lieux avait réapparu.





Il se laissa tomber dans l’un des fauteuils situés en face de mon canapé. Il était plus élégant que jamais dans sa chemise de soie blanche qui flottait sur ses han­ches, son pantalon noir à la coupe parfaite et ses botti­nes de cuir fin. L’étoffe immaculée de sa chemise rehaussait son teint cuivré, accentuait l’éclat lustré de ses cheveux noirs et donnait à ses iris des reflets d’obsidienne. Il avait roulé ses manches, révélant ses avant- bras musclés, l’un orné d’une coûteuse montre de platine et de diamants, l’autre d’un large bracelet d’argent repoussé de facture celte qui semblait fort ancien.
Avec sa beauté arrogante et ténébreuse, Jéricho Barrons rayonnait d’une puissante vitalité et d’une sensualité pure, presque magnétique, que bien des femmes devaient trouver irrésistible.

   Je ne cherche pas à vous aider, mademoiselle Lane. Je pense seulement que vous pouvez m’être utile. Pour cela, j’ai besoin de vous vivante.
     Charmant. Et qu’attendez-vous de moi ?
     Le Sinsar Dubh.
Je désirais moi aussi mettre la main dessus, mais je ne voyais pas en quoi j’étais plus apte que lui à réussir dans cette entreprise. D’ailleurs, à la lumière des évé­nements récents, j’avais même l’impression que je n’avais aucune chance de trouver ce maudit bouquin.
     Je ne l’ai pas, maugréai-je.
     Non, mais vous pouvez m’aider à le trouver.
     Je serais curieuse de savoir de quelle façon.
   Je vous le dirai en temps utile. Pourquoi n’avez- vous pas changé votre apparence, comme je vous l’avais demandé ? Fiona ne vous a pas apporté ce qu’il fallait ?
   J’ai pensé qu’il serait plus simple de porter une casquette.



Il me scruta longuement, comme pour évaluer mes capacités intellectuelles. Si j’en croyais son expression dubitative, l’examen ne fut guère concluant.
Si j’attache mes cheveux très haut et que je les cache dessous, expliquai-je, on ne me reconnaîtra pas. Surtout avec des lunettes de soleil. Je l’ai déjà fait, chez moi, un jour où j’avais raté mon brushing.


Il croisa ses bras sur sa large poitrine et me considéra d’un air navré.
   Je vous assure que c’est tout à fait possible, insistai- je.
Il secoua la tête, d’un geste si discret qu’il en était presque imperceptible.
 Lorsque vous aurez coupé et teint vos cheveux, vous reviendrez me voir. Je les veux courts et sombres, mademoiselle Lane. Cessez de vouloir ressembler à une poupée Barbie.
Je ne versai pas une larme lorsque je sacrifiai ma lon­gue chevelure blonde.
En revanche, à peine fus-je de retour dans la librairie que je fus saisie d’un violent haut-le-cœur et que je souillai le beau tapis persan de Jéricho Barrons.
[...]

La sensation de mal de mer s’était intensifiée pen­dant que je descendais l’escalier, pour atteindre un degré presque insupportable dans le petit couloir qui menait au magasin. J’aurais dû me douter de ce qui allait arriver, mais j’étais si éprouvée par le sacrifice de mes longues mèches blondes que je n’y avais pas prêté attention. Lorsque j’avais posé la main sur la poignée de la porte de séparation, j’étais secouée d’incoercibles tremblements et inondée de sueurs froides. Mes mains ne m’obéissaient plus, mon cœur se soulevait. Jamais de ma vie je n’étais passée aussi rapidement d’un état normal à une telle sensation de malaise.




Barrons était assis dans « mon » canapé, les bras posés sur le dossier, ses longues jambes étendues devant lui. Un lion paressant après le massacre... Son regard, en revanche, n’avait rien perdu de sa vivacité. Lorsque je franchis la porte, il me scruta avec un intérêt presque gourmand.

Près de lui, sur les coussins, se trouvaient quelques feuilles de papier dont je n’allais pas tarder à découvrir la particularité.
Je refermai la porte derrière moi... et me pliai en deux sous l’effet d’une douleur fulgurante. Je demeurai là, secouée par une série de spasmes nauséeux, jusqu’à ce que le contenu de mon estomac se fût répandu sur le tapis.
J’avais bu de grandes quantités d’eau (je suis persua­dée qu’au lieu de se ruiner en coûteuses crèmes de beauté, mieux vaut hydrater son corps de l’intérieur), aussi les dégâts n’étaient-ils pas trop importants.
Lorsque la crise se calma, je m’essuyai les lèvres de ma manche et je levai les yeux vers le maître des lieux, partagée entre la haine et la honte. Je détestais ma nou­velle apparence, je détestais le tour qu’avait pris ma vie, et par-dessus tout, je détestais Jéricho Barrons... qui, lui, paraissait s’amuser comme un fou.
   Qu’est-ce qui m’arrive, Barrons ? Que m’avez- vous fait ? demandai-je d’un ton accusateur.
Instinctivement, je savais qu’il était responsable, d’une façon ou d’une autre, de mon soudain malaise.
Il éclata d’un rire joyeux et se leva sans me quitter des yeux.
   C’est bien ce que je pensais, dit-il. Vous réagissez au Sinsar Dubh. Vous allez m’être extrêmement utile, mademoiselle Lane.

  Je n’en veux pas, répétai-je en reculant. Éloignez- le de moi !
   Puisque je vous dis qu’il ne vous fera pas de mal ! Du moins, pas sous cette forme...
Barrons avait beau réitérer ses explications, je ne comprenais toujours pas un traître mot de ce qu’il disait. Je désignai d’un doigt accusateur le tapis encore auréolé des traces d’humidité que j’avais laissées en le nettoyant.
   Pas de mal ? Et ça ? Je suis malade comme un chien, cela ne vous suffit pas ?
Et je ne parlais pas de la sensation de peur panique qui ne me quittait pas... C’est bien simple, j’avais la peau hérissée de chair de poule de la tête aux pieds tant j’étais terrifiée. Je n’avais qu’une idée : mettre le plus de distance possible entre les feuilles de papier et moi.
    Vous allez vous y habituer.
    C’est vous qui le dites !
   Oui, et je vous dis aussi qu’avec le temps vos réactions physiques vont s’atténuer.
   Je n’ai pas l’intention de passer une seconde de plus à proximité de ça.
« Ça », c’étaient les deux photocopies de pages pré­tendument arrachées au Sinsar Dubh qu’il agitait sous mon nez. Il ne s’agissait même pas des originaux, mais de simples reproductions. Pourtant, leur puissance était telle que je rasais les murs pour éviter de passer près d’elles ! Si cela continuait, j’allais finir par jouer les femmes-araignées et monter aux murs à la seule force de mes ongles laqués de rose. Puisque l’univers n’obéissait plus aux lois de la raison et de la normalité, tout était possible...
    Respirez lentement et profondément, mademoi­selle Lane. Vous allez vous y faire, ce n’est qu’une question de concentration.
J’ouvris la bouche et pris une grande bouffée d’air, sans le moindre résultat.
    Je vous ai dit de respirer, dit Barrons. Pas d’imiter un poisson hors de l’eau.
Je lui jetai un regard noir et inspirai de nouveau, avant de bloquer mon souffle. Après ce qui me parut une éternité, il hocha la tête d’un air approbateur, et je chassai l’air de mes poumons.
     C’est mieux, commenta-t-il.
    Qu’est-ce qui m’arrive ? gémis-je. Pourquoi à moi ?
       Tout cela est lié à votre nature profonde, made­moiselle Lane. Voilà des millénaires, lorsque les faës commencèrent la Grande Chasse, détruisant tout sur leur passage, les sidhe-seers se mirent à ressentir exac­tement les mêmes impressions à l’anivée massive de cavaliers Tuatha Dé. C’était le signal qui les incitait à se mettre à l’abri et à protéger les leurs.
     Pourtant, il ne m’est rien arrivé de la sorte quand j’ai croisé les Unseelie.
[...]
   Ils étaient seuls, me fit remarquer Barrons. Isolés, voire par deux, ils n’ont pas le même impact. Peut-être faut-il qu’un millier d'Unseelie fondent sur vous pour que vous perceviez leur présence à l’avance. Il est pos­sible aussi que seul le Sinsar Dubh vous rende malade. Le Livre Noir est le plus puissant des Piliers des Ténèbres, et aussi le plus maléfique.
Tout en parlant, il avait fait un pas dans ma direction, puis un deuxième, les terribles pages à la main.
       N’approchez pas ! m’écriai-je.



Pour toute réponse, il avança encore, se rapprochant tant qu’il me touchait presque. Je me plaquai contre le mur. Si je l’avais pu, je me serais glissée sous le papier peint.
    Contrôlez-vous, mademoiselle Lane. Ce ne sont que des fac-similés des véritables pages. Seuls d’authentiques feuillets du Livre Noir pourraient vous affecter durablement.
    Ah, oui ?
Voilà qui changeait la situation du tout au tout !
    Vous voulez dire que même si j’arrivais à trouver ce fichu grimoire, je ne pourrais pas le toucher ?
Ses lèvres s’étirèrent en une grimace peu enga­geante.
 Si, vous le pourriez... mais je crains que vous n’aimiez guère votre nouvelle apparence, ensuite.
      Pourquoi n’aimerais-je pas... Non, ne me dites rien. Je ne veux pas savoir. Contentez-vous d’éloigner ces feuilles de moi.
     Dois-je comprendre que vous renoncez à venger votre sœur ? Je croyais qu’elle vous avait suppliée de retrouver le Sinsar Dubh.
Je fermai les yeux et m’adossai au mur, sans force. Pendant quelques instants, j’avais complètement oublié Alina.
    Pourquoi ? murmurai-je comme si elle pouvait encore m’entendre. Pourquoi ne m’as-tu rien dit de tout cela ? A deux, on aurait pu y arriver. On se serait pro­tégées l’une l’autre...
C’était peut-être là ce qu’il y avait de pire : l’idée que les choses auraient pu tourner autrement, si seule­ment elle s’était confiée à moi.
      Même si elle vous avait parlé, dit Barrons, m’arrachant à mes réflexions, vous vous seriez moquée d’elle. Votre cas est encore plus désespéré que celui de saint Thomas, mademoiselle Lane. Même lorsque vous voyez, vous refusez encore de croire.

Sa voix était proche de moi - bien trop à mon goût. Je rouvris les yeux. Il se tenait juste devant moi, et pourtant, la sensation de malaise ne s’était pas intensi­fiée..; pour la seule raison que je ne l’avais pas vus’avancer vers moi. Il avait donc raison : ma réaction était en partie psychologique. Par conséquent, je pouvais la contrôler, du moins dans une certaine mesure.
J’avais encore le choix entre deux options. Rentrer chez moi et oublier tout ce qui m’était arrivé depuis que j’étais à Dublin. Ou poursuivre la mission que je m’étais assignée.
Je passai la main dans mes courtes boucles brunes, et je retrouvai aussitôt ma détermination. Il ne serait pas dit que j’aurais massacré pour rien ma chevelure de rêve !
   Vous aussi. Barrons, vous voyez les faës. Pour­tant, vous n’éprouvez aucune difficulté à tenir ces feuilles.
  L’habitude émousse les sens, même les plus affû­tés... Êtes-vous prête à commencer votre entraînement, mademoiselle Lane ?

Deux heures plus tard, Barrons décréta que mes pro­grès étaient satisfaisants. Je ne supportais toujours pas de toucher les photocopies, mais leur présence ne me donnait plus de haut-le-cœur. J’avais trouvé une façon de refouler mon malaise lorsqu’elles étaient près de moi, de sorte que, malgré le dégoût qu’elles m’inspi­raient, je parvenais à faire bonne figure.
   Vous allez y arriver, conclut-il. Maintenant, mon­tez vous habiller. Nous sortons.
       Je suis habillée.



Il  se tourna vers la devanture de la librairie et s’absorba dans la contemplation de la nuit qui s’éten­dait au-delà de la vitrine.

  Mettez quelque chose de plus adulte.
    Pardon ?
Je regardai mes vêtements, interloquée. Je portais un pantacourt blanc, des sandales à lanières fines et une tunique rose sans manches passée par-dessus un top en dentelle. Où était le problème ? Je contournai Barrons pour me placer devant lui.
   Ce sont des vêtements d’adulte ! m’exclamai-je sans comprendre.
   Alors, essayez de trouver quelque chose de plus féminin.
Avec ma silhouette, il était assez peu probable qu’on me confonde avec un homme. Toutefois, je finis par comprendre où Barrons voulait en venir. Décidément, les hommes étaient tous pareils ! Même dans la boutique de lingerie la plus élégante, ils ne voyaient que la guê- pière en faux cuir noir et grosses chaînes dorées...
   Par « féminin », vous voulez dire « vulgaire », je suppose ?
   Appelez cela comme vous voulez. Ce qui compte, c’est que vous ressembliez au genre de femme avec qui on me voit d’habitude. Le genre adulte et émancipé. Essayez le noir, vous aurez plus de chances qu’on vous prenne pour une majeure. Et faites quelque chose de vos cheveux, comme la nuit où je suis venu vous voir dans votre pension, par exemple.
    Vous voulez que j’aie l’air de sortir de mon lit ?
   Ou du mien, de préférence. Je vous donne une heure, pas une minute de plus.
Une heure ? C’était officiel : il me prenait pour la reine des pommes.
   Je vais voir ce que je peux faire, répondis-je, plus vexée que je ne voulais le montrer.



12 commentaires:

  1. Réponses
    1. MOI AUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSI

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  2. bouhbouhbouh! merci Jaja! j'adore! nous faire ainsi pénétrer à nouveau dans l'antre de la Bête, mamma mia je ne m'en lasse pas...et les photos sont sublimes comme d'hab, un régal pour les yeux et les sens...
    Et bon sang comme j'aime lorsque Barrons dit à Mac : ou du mien, de préférence...

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    1. Oui comme tu dis ça c'est de la réplique qui te hérisse le poil dans le bon sens du terme! Je serai Mac je lui dirai que c'est quand il veut qu'on y retourne mais pas de précipitation nous n'en sommes pas encore là! Ce n'est que le premier tome et elle ne connait pas encore toute la sexitude du bonhomme et sa ténacité quand il veut quelque chose!

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    2. t'as raison Nelly, mais en même temps, Mac sent quand même bien qu'il y a un truc pas net avec JZB et que c'est un Mâle qui en jette, il sature l'air...

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    3. ben c'est sur que maintenant qu'on connait tous les tomes on se dit mais putain ça pue le cul déja dans le 1er.

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  3. J'ADORE J'ADORE J'ADORE J'ADORE J'ADORE J'ADORE J'ADORE J'ADORE!!!!
    Et la première photo est bien entendu ma favorite, surtout qu'en dessous il y a la moto.
    Sinon c'est sur que le coup du "Ou du mien, de préférence." me fait toujours sourie comme une imbécile

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    1. et on a qu'une envie ç de dire à Jéricho : aucun souci, fais ce que tu veux de mes cheveux pour que j'ai l'air de sortir de ton lit...et par contre, faudrait être dingue pour vouloir en sortir de son lit tellement on doit y être bien hummmmmm!

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    2. moi aussi cette photo je n'en puis plus.

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  4. Aaaaah encore un jour a attendre avant que je reçoive les tomes 3/4/5 de Fièvre.... Je ne tiens plus !!!!! Ouais j'en suis qu'au tome 2 !
    ps : je viendrais em présenter comme il se doit jeudi ;)

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    1. pinaise la veinarde..... tu vas bientôt pouvoir te délecter dans ces tomes. Je suis jalouse.

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  5. Ca y est, je les aaaaiiii !!!! Oh je sens déja la puissance Barronesque de déverser dans mon futal !!!!

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Toi aussi tu es en pleine barronite aiguë? Ce n'est pas sale. Viens tout nous raconter.

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