lundi 25 juin 2012

Jericho Z Barrons et l’Ondine sibylline #13 par Erika Cazaux


Salut à toi l'ami,



Alors nous sommes lundi et quoi de mieux pour commencer la semaine qu'un nouvel extrait de la fanfiction d'Erika. Attention j'annonce qu'on rentre dans le vif du sujet. Alors installe toi confortablement, sers toi un apéro, des noix de cajou, enlève ton soutien gorge qui commence à te compresser les mamelons et savoures le tout. 
Prêtes? 


EXTRAIT 12




Made in @ceres



Jéricho Z Barrons et l’Ondine sibylline

Extrait n°13

            Seulement une heure plus tard, les gazouillis de charmants bec-croisés d’Écosse, une espèce de passereau peuplant les forêts calédoniennes des Highlands, extirpèrent de leur bref repos les deux amants repus. Arielle souhaitait prolonger l’étreinte des bras réconfortants de son bien-aimé, mais celui-ci s’arracha à elle brusquement. Elle ressentit alors une vive peine, comme si une partie d’elle-même venait de lui être retirée. Alors qu’elle s’apprêtait à protester, l’homme gronda :
– Réveillez-vous Lass Rayna ! Réveillez-vous, petite inconsciente !!! Voulez-vous que Hawk s’inquiète de votre absence ?!
Ces paroles eurent pour Arielle l’effet d’une gifle survenue de nulle part. Déconcertée par la véhémence de celui qui se tenait au-dessus d’elle et la secouait violemment, elle balbutia :
– Jéricho…, mais enfin…
– Nay, moi c’est Lord Barrons, Lass Rayna ! lui asséna-t-il en ajustant son tartan.

            Arielle, désormais à moitié recouverte par sa propre robe promptement jetée sur elle par Barrons, se redressa et chercha à comprendre l’absurdité de la situation :
– Mais…, mais…, et cette nuit alors…, n’était-elle pas fantast…

            Barrons ne supportant pas d’entendre une quelconque amabilité de la part de celle qu’il se devait absolument de repousser, s’ordonna mentalement de la blesser de façon virulente et lui tint un discours atroce :
– Quoi cette nuit ? Aye, nous avons pris du plaisir, nous nous sommes bien divertis, c’était sympa, une agréable coucherie, ni plus ni moins ! Maintenant si nous pouvons prétendre que rien n’a eu lieu, ce serait encore mieux Lass Rayna, cela éviterait un infarctus probable à Hawk ! Je vous laisse retrouver seule le chemin de la sortie, il me semble que vous connaissez tout aussi bien que moi cet endroit !
            Il avait porté ce coup en un seul souffle, craignant ne pouvoir l’infliger jusqu’au bout s’il faisait une pause. Puis, sans même un regard en arrière, il avait une nouvelle fois abandonné Arielle. Totalement désemparée par l’attitude odieuse de celui qu’elle aimait plus que tout, elle n’eut la force de se relever et s’effondra sur le sol qui lui parut à cet instant-là bien plus dur et austère que la nuit précédente.
Elle demeura un long moment recroquevillée, nue et dans un état funeste sur une terre désormais souillée. Soudain, une violente douleur lui déchira les entrailles, lui coupa le souffle et un son s’étouffa dans sa gorge avant qu’elle ne perde connaissance.

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            Barrons s’était imposé une nouvelle affliction. Malgré le plaisir vécu, mais surtout le bonheur éprouvé lors de cette nuit exceptionnelle, pendant sa courte heure de sommeil, un cauchemar des plus horribles l’avait terrorisé. Heureusement, le chant mélodieux des oiseaux l’avait brutalement extrait de cet épouvantable scénario. Au départ, ce qui était un magnifique rêve tout en douceur, certes chaperonné d’une touche sentimentale répulsive, car bien trop prononcée au goût de notre Homme, s’était transformé en catastrophe. Alors qu’Arielle et lui vivaient une relation amoureuse épanouie et largement consommée charnellement depuis quelque temps, inopinément, un monstre sans visage mais d’apparence répugnante lui déroba Arielle des bras. Or, en dépit de sa force surhumaine, il n’était pas en mesure d’attaquer le ravisseur, celui-ci étant seulement un hologramme. Barrons perçut alors Arielle prisonnière d’une cage dont les barreaux le laissèrent perplexe. Divers pentagrammes étaient gravés sur chacun d’eux. À cette époque notre Homme n’avait pas les connaissances possédées actuellement, il n’en saisit donc pas l’abominable signification. Bien qu’il hélait toujours plus fort Arielle, celle-ci ne semblait ni l’entendre, ni le voir. Peut-être est-elle, elle aussi, seulement un spectre ? se demandait-il. La cage ne tarda pas à s’éloigner de lui, attachée à une licorne majestueuse montée par l’infâme bête. Alors que les oiseaux commencèrent à piailler, Barrons ne discernait plus qu’un vague mirage de son Ondine enlevée par ce scélérat dont le ricanement goguenard le hanta un long instant après son brusque réveil.

Sa petite voix qu’il avait réussi à faire taire les dernières heures durant, avait alors à nouveau résonné dans sa tête et lui avait sommé de fuir un tragique Destin. Paniqué, et encore troublé par les sentiments ressentis pendant ce délicieux moment partagé avec Arielle, il n’avait trouvé d’autres solutions que de l’éloigner définitivement de lui. Il comptait sur la cruauté de ses paroles accompagnées d’un nouveau délaissement pour contraindre Arielle à se détourner de lui. C’était donc la mort dans l’âme qu’il avait brisé tout espoir de relation avec elle. Il s’était montré suffisamment sévère et ferme et surtout, n’avait pas laissé le temps à la jeune femme de répliquer car il craignait plus que tout que son seul sourire ou quelques trémolos dans sa voix si sensuelle ne l’encouragent à se raviser. La seule pensée de l’avoir perdue lui pulvérisait le cœur en un millier de débris. Ce cœur dont il avait tant douté de l’existence jusqu’à sa rencontre avec Arielle. Cependant, au prix d’un effort titanesque, il était parvenu à se retirer. Même si pour elle cet abandon ne représentait qu’un énième, pour lui, il était un supplice. Les précédents avaient été dictés par la colère, or, celui-ci l’était par sa plus grande peur : des forces démoniaques lui ravissant sa bien-aimée.
Absurdement, il pensait que temps qu’il se tiendrait à l’écart d’Arielle, rien de mauvais ne pourrait la faire souffrir. Barrons n’avait pas, à ce moment-là, les idées très claires. Les sensations et les émotions éprouvées la nuit précédente se mélangeaient à la crainte que faisait naître ses nouveaux sentiments et aussi, bien-entendu, à sa récente peur de perdre Arielle. Lorsqu’il l’avait quittée, il n’avait pas réalisé combien cette déchirure qu’il occasionnait dans le cœur aimant de son Ondine était justement ce qui pouvait l’anéantir.

            Barrons était en proie à un conflit intérieur des plus ravageurs. C’est plus excédé que jamais par ce qu’il était en train de subir et également de faire subir, qu’il se rendit à l’écurie où séjournait Asgard afin de le préparer pour se rendre à cette même falaise qui l’avait transformé à jamais ! Les embruns de l’océan, l’air salin, les déferlements maritimes et le vent sifflant apaiseraient probablement la tempête qui faisait rage en son sein.

            Il retrouva avec plaisir son destrier qu’il n’avait pas chevauché depuis quelques jours. À sa manière de le monter, Asgard perçut la tension de son écuyer. Ces temps-ci, c’était courant pour Barrons de connaître cet état. Ses derniers périples avaient toujours la même destination. Son maître avait besoin de se ressourcer ou plutôt de se détendre dans un environnement aussi impétueux que lui. En effet, cette falaise dominait un pan côtier relativement court et étroit mais les vagues y étaient très impressionnantes. Le spectacle qu’elles offraient était à couper le souffle, leurs crêtes pouvaient atteindre jusqu’à six mètres de hauteur lorsque le coefficient de marées était élevé. De plus, leurs rouleaux tous plus parfaits les uns que les autres progressaient dans un rythme effréné et harmonieux. Et lorsque les vagues arrivaient en bout de course, elles se fracassaient dans une mélodie tonitruante faisant jaillir des projections d’eau jusqu’à une hauteur phénoménale. L’océan semblait effectivement bercer les rares personnes qui osaient venir sur cette plage dangereuse, de son chant rauque et lancinant. Une brise froide et saisissante accompagnait quasiment à longueur de temps cette représentation. Seule l’écume laissait une trace du passage de cet élément naturel journellement ébranlé.
Paradoxalement, observer ces vagues si vigoureuses et puissantes apaisait notre Homme. Il avait la conviction que ce déchaînement emportait sa propre colère et le nettoyait de l’intérieur. Cette purification était d’un immense secours lorsque nous nous prénommions Jéricho Z Barrons et que nous étions très fréquemment soumis à des accès de rage.
C’est pourquoi, bien qu’une crainte irrationnelle ne l’empêchait de pénétrer les eaux de ce coin paradisiaque pour lui, il ressentait très souvent le besoin fondamental de s’y rendre. Il appréciait énormément de contempler les mouvances houleuses de cette étendue, perché dans une des concavités retranchées dans le giron de la falaise, et notamment quand une tempête sévissait. Malgré la brume et l’obscurité présentes lors de ces déferlements océaniques, sa vision outrancièrement développée lui permettait de se délecter d’un divertissement climatique inaccessible à l’être humain.
Barrons avait rejoint cette falaise en milieu de matinée et à ce moment-là, il se sentait si… Comment se sentait-il d’ailleurs ? Il faudrait qu’il nous fasse partager la dissonance vécue et ses pensées totalement ambivalentes. Cinq siècles plus tard, le bouleversement éprouvé à cet instant lui a laissé un souvenir tellement vivace qu’il pourrait peut-être, avec ses mots à lui, nous décrire cet état de totale confusion ???

            ENFER !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Encore elle vient m’emmerder celle-là avec son envie que je vous raconte ce qui me déchirait les entrailles après avoir quitté à contrecœur Arielle alors que je venais de vivre le plus exquis des moments de ma très longue vie !
Pffffffff, je vais m’y résoudre mais uniquement pour donner ma vision des choses et aussi afin d’éviter qu’elle ne romance et n’enjolive trop une anecdote pitoyable !!!

Dès les premiers rayons solaires perçant avec difficulté la couche nuageuse qui s’était approprié le ciel la veille au soir déjà, j’ai lâchement abandonné Arielle à son sort.
Eh oui, vous qui me vouez un culte absolu, un culte sans concession et en même temps parfaitement ridicule petites sottes !!! Je me suis conduit lâchement à ce moment-là.
C’est d’ailleurs le dernier acte lâche accompli de tout le reste de ma vie. Je l’ai suffisamment regretté pendant quelques heures ! Alors si aujourd’hui vous me connaissez aussi protecteur, même si ce n’est que tapi dans l’ombre, avec ceux ou plutôt celles, qui représentent un intérêt particulier à mes yeux, c’est parce que je ne faillirai plus à cause d’absurdes craintes. Le concept de peur a été banni de mon existence, désormais j’assume tous mes actes jusqu’à la moindre erreur de ma part, ce qui est assez facile puisque je n’en fais pas !!!
Arielle a fait naître ce que vous pourrez inutilement qualifier une « vie émotionnelle » issue de mon cœur pourtant illusoire, cela demeure un réel mystère encore aujourd’hui…, mais je vous rassure, elle a emporté ce fardeau avec elle ! Oui ce jour-là ou plus précisément le temps vécu auprès d’Arielle m’a rendu faible, mais sa disparition définitive a renforcé ma carapace et je jure que rien ni personne ne lui fera la plus infime des égratignures ! Même une certaine « Poupée Arc-en-ciel » n’y pourra rien ! C’est compris ?! N’attendez rien de moi, vous n’aurez rien !!! Faut vous y faire !

            Merde ! Je me suis totalement égaré de mon propos initial… Arrêtez de glousser comme des bécasses petites imbéciles, je sais combien vous avez besoin de vous expliquer ma « bad-boy attitude »… Non mais de mieux en mieux vos putains d’expression, parfois c’est à se demander si vous n’êtes pas seulement bonnes à devenir des Pri-Ya au moins vous serviriez à quelque chose !!!

            Bon je reprends et ne prenez pas trop plaisir à me lire sinon je vous tue ! Seul moi peux me réjouir du malheur des autres. Sortez les mouchoirs si vous le voulez petites émotives, mais ne vous avisez pas à vous montrer compréhensives ou soutenantes. Je ne veux pas de votre compassion ou pire de votre foutue pitié, je veux juste que vous me foutiez la paix après ça !
            Alors que je descendais à travers les landes de bruyères vers la plage, je me sentais exagérément perturbé. Quatre odieuses voix contradictoires retentissaient dans ma tête et elles me gonflaient à un point que vous n’imaginez même pas !
D’un côté, l’une me félicitait de cet abandon en critiquant vivement la langueur qu’Arielle induisait chez moi. Elle me rabâchait inlassablement : « C’est vraiment trop insensé d’accorder de l’attention et de l’importance à une personne qui ne le mérite pas. Tu es un cavalier solitaire, tu n’as pas besoin d’attache ! Et encore moins d’une femme à ton crochet alors que tu peux posséder toutes celles que tu veux sans même leur devoir quoique ce soit. Non ce serait trop stupide de devoir se traîner un boulet ! Tu es bien seul !!! »
Une deuxième voix, plus nuancée, craignait une prochaine vulnérabilité si je me laissais aller à des émotions. « Tôt ou tard tu souffriras inutilement, c’est franchement plus simple de s’éviter une épreuve futile ! » jacassait-elle.
Une autre, totalement conquise par Arielle me sommait de la rejoindre, de m’excuser pour mon attitude aberrante et de lui révéler mon envie de la fréquenter !
Et la plus pernicieuse de toutes m’ordonnait une totale honnêteté au sujet de mes prétendus sentiments à la con !!!

Tandis que j’approchai de la plage, ma bestialité parvint à prendre le dessus sur toutes ces tergiversions et à faire brutalement taire ces voix en commandant à mon corps de courir. D’un coup de main, je me débarrassai de mon tartan. Eh oui ! C’est totalement à poil que je plongeai tête baissée dans les vagues de cette immensité qui jusqu’à présent m’avait rebuté. Avouez femmes, j’en ai perdues là hein ???
Bref, braver l’océan était la solution tout à fait pertinente qu’envisageait ma partie animale pour interrompre ces croassements éreintants. Or, le choc fut à la hauteur du malaise qui me tourmentait !
Je me baignais régulièrement et avec plaisir dans des eaux douces mais jamais dans l’océan. Le contact avec l’eau salée et agitée me fit l’effet d’un électrochoc. Mon corps…, ce corps que je maîtrise à la perfection, pas besoin de vous faire un dessin, ne niez pas, vous le savez pertinemment pour en rêver toutes les nuits, à défaut de jouir du vôtre, quel sacrilège !
Bon, mon corps pourtant si résistant habituellement, réagit fortement ! Il sembla ne pas supporter la rencontre avec cette eau pourtant si pure. Je sentis mes entrailles se déchirer, mes os se briser, mes organes s’écarteler et mes membres s’étirer. Ma tête était au bord de l’explosion. La douleur occasionnée était tout bonnement insurmontable, ce n’était plus des sons humains qui s’arrachaient de ma gorge ravagée par un incendie. Je n’articulais plus des mots intelligibles mais rugissais tel un lion en furie. J’avais la sensation de me décomposer. Heureusement pour ma misérable carcasse, j’étais resté en bordure puisque la réaction avait été instantanée ; c’était la première fois que je vivais une telle expérience métabolique. Malgré la souffrance qui me meurtrissait, je ne sais comment, mais je réussis à m’extirper de l’emprisonnement fatal de mon adversaire déloyal, ou alors ce fut l’océan qui me rejeta, moi Jéricho Z Barrons, difficilement envisageable, enfin…
Bien qu’épuisé physiquement, j’ai ensuite rampé jusqu’au banc de sable qui m’assurait un certain éloignement de cette eau maudite. J’étais totalement vidé, autant si ce n’est plus, qu’après une excellente bai…, partie de jambes en l’air. J’ai perdu connaissance pendant au moins six heures puisque le jour vivait ces derniers instants lumineux. Je pus assister au coucher du soleil toujours obscurci par un voile nébuleux qui prenait alors des couleurs rose-orangé, cette scène était époustouflante !
Mon corps avait besoin d’heures supplémentaires de repos afin de se régénérer entièrement. Dans un pas lent et chancelant, j’atteignis finalement la grotte occupée quelques temps plus tôt avec mon Ondine. À peine arrivé, je m’écroulai sur le sol et sombrai dans un sommeil certes réparateur, mais tout de même troublé pour les trente-six heures suivantes.

            Et sur cette trêve, je me casse, j’ai mieux à faire là tout de suite que de vous narrer la suite de ce navrant épisode. L’autre idiote qui me sert de « biographe », peut prendre le relais. Mais quelle hyper-sensible celle-là, je ne crois pas avoir choisi la meilleure personne pour témoigner de mon ancienne vie, elle fait beaucoup trop dans le fleur-bleue si vous voulez mon avis. Faut que je contrôle tout ce qu’elle écrit, elle a tendance à s’emballer et me fait paraître parfois bien moins cynique que je ne le suis en réalité. Putain ! Va falloir que je la recadre celle-là, toutefois là j’étouffe et j’ai d’autres chats à fouetter, si vous voyez ce que je veux dire, et tant pis pour vous si ce n’est pas le cas, mais ne jouez pas aux innocentes avec moi, ça ne marche pas !!! Contraint et forcé, j’ai survolé vos commentaires laissés lors des réunions des BAA, et franchement vous me… Bref, vous êtes exaspérantes !

            Et il s’en alla laissant résonner son rire glauque dans une pièce qui me semble bien vide et morne maintenant qu’il s’est absenté ! Même après en avoir pris pour mon grade ;-) !!!

Donc reprenons. À en juger par la clarté du jour, il était aux environs de huit heures quand Barrons se réveilla en sursaut et transpirant à grosses gouttes. Il avait retrouvé une forme physiologique olympienne et se doutait donc qu’il s’était reposé plus de deux nuits consécutives. Cependant, une sensation terrible le préoccupait. Une de ses petites voix tentait de le prévenir d’une situation dramatique en cours.
Il décida alors de rejoindre Asgard et de retourner à Dalkeith en toute hâte. Quelque chose n’allait pas…

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– Aniabeilla ??? un murmure lointain arriva jusqu’aux oreilles d’Arielle.

Qu’est-ce que…, où suis-je ? … Je ne vois rien ! J’entends du bruit, quelqu’un est là ! Mais pourquoi fait-il si sombre ? J’ai mal partout, je ne peux pas bouger. Och ! Des pas se rapprochent, quelqu’un est là j’en suis certaine !

– Aniabeilla ??? tel un écho, ce mot incompréhensible est répété.

            Och, misère, mais que fais-je ici ?

– Aniabeilla ???
– Qui est là ? demande Arielle d’une voix faible.
– C’est moi voyons ! répond le ravisseur agacé !
Nay, je ne vois rien justement, je perçois seulement une ombre…, une ombre effrayante. Ce monstre a de grandes dents, un visage difforme, il est anormalement grand…

– Tu ne me reconnais pas ??? Enfin, Aniabeilla, je suis ton maître ! affirme-t-il dans un rire sardonique.
– Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ? Où suis-je ?
            J’ai peur, je ne comprends pas, je ne sais plus…, je ne sais pas ce que je fais ici…, mais…, mais que se passe-t-il ?

– Comment t’appelles-tu ? s’enquiert faussement le bourreau.
– Et vous comment vous appelez-vous ? Je refuse de vous dire mon nom tant que vous ne m’aurez pas expliqué ce que je fais ici ! tente de gémir Arielle d’une voix assurée.
– Petite inconsciente, quand vas-tu cesser de te rebeller ? Quand vas-tu comprendre que tu n’es pas des leurs hein ??? Qu’est-ce que le royaume de Dalkeith a de plus à t’offrir que le nôtre si prolixe ?
– Je ne comprends rien de ce que vous racontez maraud ! Et montrez-moi votre visage, ayez le courage d’assumer vos crimes au moins !
– Oh mais j’assume, c’est juste ton esprit qui refuse de te montrer qui je suis ! s’amuse-t-il de la détresse d’Arielle.

            Je ne comprends pas, mais…, mais comment…, et…, pourquoi ai-je été amenée ici ? Mais…, où étais-je avant ? Pourquoi n’ai-je aucun souvenir d’avant mon emprisonnement dans cette misérable cellule ?

– Que dites-vous, je ne comprends pas ! Et pourquoi fait-il si froid ici ? s’inquiète Arielle.
– Aniabeilla, ma Princesse, quand vas-tu…
– Qui est cette Ania…, moi je m’appelle Lass Arielle Rayna ! réplique-t-elle malgré elle, sans savoir d’où lui vient cette nomination.
– Petite humaine, tu es devenue aussi stupide qu’eux !!! Qu’a-t-il de plus que moi ? Hein, dis-le-moi, imbécile de…, traître ! Notre cour a bien plus de richesses que n’aura jamais ce Laird ! Et de toute manière tu es mienne. Nous nous connaissons depuis si longtemps ! As-tu oublié ???

            Un trou noir engloutit Arielle, puis elle sombra dans les ténèbres. Des sensations désagréables parcouraient son corps, allant du picotement à la douleur aiguë d’une plaie béante. Elle ne reconnaissait pas l’endroit où elle se trouvait, enchaînée par le pied droit à un mur de pierres froides.
Une lumière faible perçait l’unique et minuscule fenêtre, protégée par des barreaux, de la pièce dans laquelle elle était retenue. Elle portait des haillons troués à divers endroits découvrant des parties de son corps qui, considérant les contusions et les ecchymoses, avait été battu. Elle était couverte de poussière et de traces noires. Ses cheveux poisseux encadraient son visage ravagé par la rudesse vécue pendant…, depuis combien de temps était-elle séquestrée ici ? Elle n’en savait rien !
La seule image qui l’avait empêchée de renoncer était un visage masculin, le viril faciès de Barrons. Elle ne connaissait pas sa désignation, mais elle chérissait son expression aimante et se languissait d’en apprendre davantage à son sujet. Or, chaque fois qu’elle commençait à rassembler des fragments de son esprit clairsemé, un homme au visage flou faisait irruption dans cette cellule exiguë et la sermonnait de paroles toutes plus incompréhensibles les unes que les autres. Malgré les insistances de son ravisseur dont elle distinguait seulement des traits grossiers et un air irascible, Arielle ne répondait plus désormais à ses questions identiques posées infatigablement. D’une part, elle refusait d’accorder un quelconque intérêt à son bourreau et d’autre part, elle ne savait que rétorquer. Elle s’était donc enfermée dans le mutisme le plus total et bien qu’à chaque rencontre, elle tentait de garder une trace des informations nouvellement recouvrées, celles-ci disparaissaient pour un bout de temps.

Arielle, brûlante de fièvre, était prostrée exactement au même endroit où elle s’était effondrée deux jours auparavant. Elle n’en avait pas conscience, mais elle revivait inlassablement la même hallucination d’un homme malveillant la maltraitant. Des réminiscences de son passé s’entremêlaient avec des images de sa vie actuelle.

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            Asgard avait galopé aussi vite que possible si bien que Barrons arriva en fin de matinée au domaine. Alors qu’il se rendait dans les quartiers d’Arielle, Hawk surgissant derrière lui l’apostropha :
– Jéricho, mon ami, as-tu vu Arielle ? Elle est portée disparue depuis trois jours ? Sais-tu…
– Que dis-tu Hawk ? Tu n’as pas vu Arielle depuis trois jours ? s’alarma Barrons.
– Tu l’appelles Arielle maintenant ? Dois-je être informé d’une intimité naissante entre vous deux Barrons ?
– ENFER !!! Tu te moques de moi Hawk, Arielle est manquante depuis trois jours et tu te préoccupes de ma vie sexuelle ? hurla-t-il.
– Pardon ? Tu as couché avec Arielle ? Ne me dis pas que tu as…
– Ferme-là Hawk ! Depuis quand tu ne l’as pas vue ?
– Depuis notre…, notre désaccord concernant…, concernant notre jeu coquin et cette histoire stupide de marque sensuelle !
– Et tu as vérifié ses quartiers, blessée par ma…, blessée par votre dispute et tes confessions, ne se serait-elle pas tout simplement enfermée dans sa chambre le temps de guérir de l’affront que je lui ai…, euh je veux dire, le temps de surmonter votre désaccord comme tu dis, de te pardonner et de retrouver foi en l’estime incompréhensive qu’elle te porte !
– Ne sois pas si orgueilleux l’ami, bien sûr que j’ai commencé par là et Arielle n’est pas de celle qui se laisse impressionner par si peu ! riposta Hawk vexé.
– Et où l’as-tu cherchée ? s’enquit Barrons.
– Partout ! Dans tout le domaine et dans les forêts les plus proches !
– Je pense savoir où elle se cache ! affirma Barrons d’une voix grave.
– Que dis-tu Jér…

Barrons s’était déjà volatilisé et sans se soucier de ce que pouvait penser le commun des mortels de sa vitesse surhumaine, il courut toujours plus vite pour se rendre au Loch !

Il ne fut pas surpris de retrouver Arielle sur le rivage, cependant il fut horrifié de constater dans quel état elle se trouvait !

            Barrons se jeta près de ce corps si malmené.
– Arielle ? ma douce, Arielle…, Arielle m’entends-tu ? s’écria Barrons, totalement désemparé.

Il la prit alors dans ses bras et la recouvrit comme il put de sa robe retrouvée à côté de son flanc. Arielle était probablement nue depuis deux jours, les traces de saleté zébrant son corps indiquaient qu’elle était restée ainsi sous les intempéries de nuit comme de jour et notamment sous la pluie, deux jours et non pas trois comme l’estimait Hawk ! Lui, l’avait vue pour la dernière fois deux jours auparavant.
Arielle semblait dans une profonde léthargie et malgré les nombreuses interpellations et secousses, elle ne se réveillait pas. Tant bien que mal, il lui enfila les guenilles de cette robe pourtant somptueuse à l’origine, cala son corps frêle et inerte contre son torse encore chaud de sa précédente course et s’élança précipitamment sur le même parcours emprunté cinq minutes auparavant.
            Il regagna le château très rapidement et conduisit Arielle dans sa chambre tout en persiflant. Il avait fait un tel grabuge qu’il était suivi de près par Hawk. Barrons déposa délicatement sur sa couche la jeune femme qui était dans un piètre état. Il exigea ensuite de Hawk que celui-ci fasse intervenir le médecin le plus expérimenté au chevet de la souffrante. Épouvanté par la vision qu’imposait la jeune femme pourtant si rayonnante d’accoutumée, Hawk rencontra des difficultés à réagir jusqu’à ce que Barrons le rudoie sévèrement. Il accourut enfin, requérir la présence d’un officier de santé, puis partit au campement des tsiganes pour demander l’aide d’un ami guérisseur.
En attendant que le premier thérapeute ne vienne consulter Arielle, Barrons l’installa le plus confortablement possible et lui passa plusieurs linges mouillés sur le visage afin de diminuer la température. Il tenta également d’effacer les marques de saletés qui recouvraient ce corps si magnifique.
            Le premier clinicien n’avait pu rien faire d’autre qu’affirmer que la situation d’Arielle était très critique et qu’il était probablement trop tard pour la sauver. Le meilleur traitement à lui prodiguer était de la veiller et de lui faire ses adieux. Barrons avait vociféré comme un putois en cage et l’avait grossièrement congédié.

            Hawk accompagné d’un homme d’un certain âge et à l’apparence curieuse, entrèrent dans la chambre d’Arielle. Sans même saluer l’homme accablé qui tenait la main d’Arielle, le guérisseur s’exclama contrarié :
– Vous ?!
– On se connaît ? répliqua sur un ton désespéré Barrons.
– Non, mais je suis le père d’une jeune fille que vous avez énormément fait souffrir dernièrement ! Ma pauvre Esméralda ne s’est toujours pas remise, elle…
– Veuillez m’excuser, mais ce n’est pas le moment de s’étendre sur d’anciennes conquêtes éconduites ! s’énerva notre Homme.
– Vous êtes le mal en personne Jéricho !
– Comment m’avez-vous appelé ? Je ne vous autorise pas à vous adresser à moi de la sorte ! brailla Barrons.

L’homme se retourna vers Hawk et l’informa :
– Je suis désolé Hawk, je ne peux rien pour ton amie, elle est condamnée !
– Vous vous foutez de moi, vous ne l’avez même pas regardée ! s’égosilla Barrons.
– Je n’en ai pas besoin, je ne détecte pas son âme, votre amie est déjà partie…, je suis…, je suis désolé Hawk ! Je ne peux rien faire !

            Barrons furieux s’empara du corps fragile d’Arielle, la serra fort contre sa poitrine et détala.
Pour la troisième fois en si peu d’heures, il venait d’arpenter le trajet menant au Loch. Si Arielle était définitivement perdue, autant que son dernier souffle soit rendu dans un environnement qu’elle affectionnait particulièrement.

            Durant plus de deux jours et demi, Barrons avait fermement enlacé le corps malingre d’Arielle. Jusqu’à ce qu’il n’entende le dernier battement de son cœur, il ne desserrerait pas son étreinte. Même si le rythme de celui-ci avait souvent faibli, il ne s’était pour autant pas encore arrêté. Malgré l’épuisement tant physique qu’émotionnel, Barrons refusait de perdre espoir, il n’avait pas bougé d’un iota depuis qu’il s’était assis à l’endroit exact où ensemble, ils n’avaient fait qu’un ! Il la couverait tant qu’elle nécessiterait un tel remède.
Il lui arrivait parfois de la dodeliner en lui chuchotant d’aimables paroles. Il répétait abondamment son prénom qui désormais était cher à son cœur. Il regrettait tellement d’avoir gâché, à cause de ses craintes, tous les précieux moments qu’ils auraient pu partager. Il ressassait régulièrement l’unique instant agréable vécu ensemble. Toutes leurs rencontres sans exception, même celle qui les avait pourtant réunis si passionnément, s’étaient soldées par des dissensions et des retraites.
Ainsi, pendant ces longues heures, il n’avait pu réprimer son angoisse de la perdre et sa prégnante envie d’apprendre à la connaître. Une seule voix régnait alors dans son esprit, elle avait vaincu les trois autres.
Arielle était différente de toutes les femmes rencontrées, enfin…, surtout goûtées précédemment et, maintenant qu’elle s’apprêtait irrémédiablement à le quitter, quelle ironie du sort, lui qui n’avait cessé de la fuir, il la voulait sienne !


Sans aucun signe avant coureur, Arielle émergea de ce profond sommeil comme une fleur qui s’ouvre subitement parce que c’est le moment et, dans un sourire chaleureux et un air radieux, elle lui susurra d’une voix douce :
– Tu es revenu !

***

7 commentaires:

  1. Comme d'habitude c'était génial! Je me suis délectée de cet extrait qui reste a la hauteur des autres et nous tient tjrs en haleine. Merci Erika!
    Je vais devoir me passer de Barrons pendant trois jours entiers mais ce n'est que pour mieux revenir!
    A bientôt les chouquettes!

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    1. Je suis ravie que l'extrait t'ait plus Nelly et bon courage pour ces 3 jours sans Barrons, quel drame, j'expère au moins que tu as les livres avec toi, notre bible, pour supporter le manque...

      Gros bisous

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  2. Bouhbouhbouh Erika, encore bravo!
    J'adore quand Barrons perd pied, quand tu lui laisses la parole, quand il s'emporte, quand il est malmené un chouia par ses sentiments qu'il tente de réprimer, ç un pur bonheur!
    Et toutes ces nouvelles interrogations...tu as l'art de faire monter la pression et de nous laisser sur notre faim....honte à toi de nous laisser dans cet état et honte à Jaja de participer grandement à ce carnage ahah

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    1. Karin, merci ma Belle, ça fait plaisir !

      Oh, tu me trouves pas sympa ;-) ??? eh bé heureusement que j'ai coupé l'extrait sur le réveil d'Arielle et pas quelques lignes plus tôt. J'ai longuement hésité à faire la sadique, mais avec ce qui nous attend, je ne voulais pas malmener nos émtions. D'autant plus que je craignais ne pas avoir terminé la suite pour vendredi, mais c'est bon, ouf, elle est prête, enfin, en correction, mais au moins elle est terminée.

      Gros bisous.

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  3. Les filles, celles qui laissent des commentaires ici et celles qui le font en aparté, je voulais vous remercier en général pour vos commentaires toujours si enthousiastes ! Ils me font très plaisir et m'encouragent, notamment dans les petits moments de doute.
    MERCI MERCI à vous et puis à Jaja aussi, sans qui l'aventure ne serait pas la même !!!
    Je suis très heureuse de vous faire partager mon imagination et des liens qui se créent grâce à une passion commune et quelle passion...

    Très bientôt je vous préciserai où nous en sommes de l'histoire, je peux d'ores et déjà vous dire qu'elle prend un dernier long détour avant la fin.

    Voilà la séquence émotion by Erika ;-) !!! Je vous embrasse bien fort.

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  4. haaaa j'adore j'adore! J'avais oublié de passer ces derniers temps du coup je me ratrape avec plusieurs extraits d'affilés et comem je le dis assez souvent c'est GENIAL!

    tu as un véritable don Erika c'est fou!

    gros bisous, j'ai hate pour la suite! :)

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    1. Nahis, merci beaucoup, tu es très gentille ;-) !!!

      Gros bisous

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Toi aussi tu es en pleine barronite aiguë? Ce n'est pas sale. Viens tout nous raconter.

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