Mes petites foufounettes en fleur,
Alors pour bien débuter ce week-end qui s'annonce, voici un nouvel extrait de la fan fiction D'Erika. On avait quitter JZB et Arielle dans un moment d'une grande intensité, je te laisse découvrir la suite.
Moi je me prépare mentalement et physiquement au marathon Fièvre qui débute dimanche. J'en ai les poils de cul qui se défrise. Je suis au taquet, prête à vivre ça avec vous.
Jéricho Z Barrons et
l’Ondine sibylline
Extrait
n°19
Barrons
venait d’annoncer à Arielle, avec sa délicatesse légendaire, qu’ils allaient se
marier. C’était un fait, pas une demande !!!
Arielle n’avait pas son mot à dire. Il
la contraindrait s’il le fallait ; mais, qu’elle le veuille ou non, elle
l’épouserait ! Au moins il avait plus d’assurance de la garder près de lui
et de repousser ainsi sa noirceur. Il était donc inenvisageable de prendre le
risque qu’Arielle décline sa proposition. Comme si une femme choisirait
délibérément de se refuser à un homme si… un homme si sauvage, je vous
l’accorde, mais surtout, un amant infatigable et exceptionnel et aussi un être
humain, enfin, un être vivant plutôt pour être exacte, doté d’un cœur en or.
Même s’il n’en avait pas conscience,
même s’il refoulait excessivement ses sentiments et si une bête sommeillait
dans ses profondeurs, OUI !!! Jéricho Z Barrons était pourvu d’un cœur et pas
de n’importe quel cœur… d’un cœur recelant mille et un trésors. Il était le seul
à se leurrer… Cet Homme-bête ne bernait que lui !
La
cocasserie de la situation amusa Arielle qui éclata de rire. Son homme se
présentait à elle totalement dénudé, au moins était-il en vie, la sermonna et
termina ses reproches par la sommation d’une union officielle. Cet homme ne
cesserait de la surprendre...
Que lui réservait un avenir auprès de ce
futur époux ? … Elle était impatiente de le découvrir. Mais, elle était
bien trop troublée pour répondre quoi que ce soit.
Barrons ne partageait
pas son hilarité et fut irrité de la moquerie de sa fiancée, il se recula
davantage et s’énerva :
– Pouvez-vous
m’expliquer Lass Rayna ce qui vous fait rire autant ? Ne croyez pas que ce
mariage va être de tout repos pour vous !!! Vous…
– Suffit Barrons, tu ne
m’impressionnes pas ! Je ne consentirai pas à devenir ta femme si tu
continues à me vouvoyer dès que je t’agace… car je te préviens, je n’ai pas
fini de t’agacer et je ne tolérerai pas que mon
mari me vouvoie.
Pour le faire enrager
un peu plus, elle aimait tellement le voir s’emporter…, elle avait accentué
plus qu’il n’en fallait la nomination « mon mari ». Et, lorsque
celui-ci entendit le pronom possessif et son substantif : « mon mari »,
il frémit, détourna la tête vers la forêt et jaugea la distance qui le séparait
de celle-ci.
Il pouvait si facilement fuir et ne
jamais revenir près de cette femme qui allait bientôt répondre à la ridicule désignation :
« sa femme ».
Mais
quelle horreur ! Comment supporterai-je cet état civil et puis… et puis la
monogamie ? La monogamie quoi ! ENFER !!!!!!!!!!!!!
Après
tout, même si elle est requise, elle n’est pas indispensable ! Je pourrais
toujours m’assurer que je ne manque rien en m’aventurant dans des terrains
encore inconnus... Peut-être pourrions-nous conclure un pacte officieux de
libertinage ?
La pensée d’Arielle dans les bras d’un
amant lui fit immédiatement recouvrer la raison. Écœuré par cette perspective,
il secoua la tête et gronda :
– Je crois que tu n’as
pas très bien compris Lass Rayna, je ne te convie pas à une vie paisible et
heureuse avec moi, mais plutôt à une vie de débauche. Et puis, le
sentimentalisme n’est pas au programme. Il est hors de question de s’épancher
sur des sentiments si futiles et ridicules, si…
Son expression se déforma au point de
ressembler à de violents haut-le-cœur. Le dégoût se lut sur son visage, Arielle
exaspérée, répliqua :
– C’est bon, j’ai saisi
Jéricho, je ne suis pas idiote. Et puis, la vie de débauche me convient
parfaitement. Si tu me promets de m’aim… de me faire l’am… euh de… bref des
ébats sexuels aussi explosifs jusqu’à la fin de ta vie, je peux m’accommoder de
cette vie de débauche… je crois !
– Il n’y a donc que le
sexe qui t’intéresse, dévergondée que tu es ! l’accusa-t-il un sourire
narquois suspendu à ses lèvres aguicheuses.
– Ce n’est pas moi qui
t’ai demandé en maria… enfin non obligé de te marier avec moi, nue comme au
premier jour ! N’est-ce pas la promesse d’une vie sexuelle débridée ?
N’y avait-il pas un message derrière cette nudité agréablement offerte à ma
vue ? Hein, Lord Barrons ?
Si Barrons souhaitait
tenir tête à sa future femme, il allait devoir apprendre à maîtriser son
impulsivité, sinon rares seraient les occasions de pouvoir obtenir fièrement le
dernier mot. Il tenta tout de même de conserver une certaine contenance en
rétorquant, la moue malicieuse et dangereusement séductrice, les mains
nonchalamment posées sur ses propres hanches, formant un arc de cercle :
– Si je suis déjà à
poil, c’était pour éviter de perdre du temps ! Viens ici tout de suite
qu’on en finisse, Lady Jéricho Z Barrons !!!
Il n’en fallut pas plus
à Arielle pour être prête à accueillir la virilité de son futur époux. Bien
entendu, ce n’était pas tant l’ordre un peu primaire, quoique… dans certaines
conditions cette injonction pouvait être forte excitante, mais de l’entendre
prononcer son futur nom marital qui l’avait réjouie. Elle se sentit comblée
comme jamais, mais c’était sans compter la fougue avec laquelle Barrons allait
l’étreindre. En deux minuscules secondes, Arielle se retrouva aussi nue que Barrons
et effectivement, ils ne perdirent pas de temps...
Ils ne s’embarrassèrent pas des jeux de
séduction pourtant si stimulants habituellement. En cet instant, ils n’en
avaient vraiment pas besoin !
Chaque fois qu’ils
faisaient l’amour, c’était un feu d’artifice qui embrasait tous leurs sens mais
l’incivilité avec laquelle ils s’aimèrent ce jour-là, décupla leur plaisir
charnel respectif à un point inimaginable pour l’entendement humain.
N’oublions pas que, tapie dans les
entrailles de Barrons, une bête somnolait. Quant à Arielle… elle ne devait pas
être plus humaine que lui pour supporter une telle frénésie sensuelle…
Après avoir fait
l’amour plus que de raison, ils se reposèrent quelques instants au cœur de
cette Terre sacrée. Ils demeurèrent enlacés ainsi jusqu’à l’aurore du matin
suivant.
Il n’était pas rare que ce lieu accueille
des amants passionnés. Mais à ce jour, ces menhirs n’avaient jamais abrité une
telle puissance. Pourtant, ils étaient eux-mêmes très chargés énergétiquement.
La force de ces pierres avait d’ailleurs largement contribué à l’amplification
de la jouissance de ces deux-là.
Les
premiers rayons de soleil avaient sorti Arielle et Barrons de leur paisible
repos. Toutefois, ils ne s’étaient pas empressés de rompre leur étreinte ;
ils n’avaient pas encore bougé d’un iota. Pourtant chacun savait l’autre
éveillé, mais aucun n’avait encore salué l’autre. Ils se connaissaient si bien
corporellement que chacun ressentait le besoin de l’autre d’un instant de
répit.
Barrons tenait dans ses bras puissants
le corps d’Arielle blotti contre son giron. Avant de s’endormir, ils s’étaient
recouverts de la cape de Barrons pour conserver la chaleur humaine dégagée
pendant leurs prouesses.
Dans cette position agréable, chacun
profitait du silence montagnard pour analyser les évènements particulièrement
étranges qu’ils venaient de vivre chacun personnellement la nuit précédant
leurs fiançailles. Ils ne s’étaient encore rien révélés à ce sujet. Aucun
n’était prêt à raconter l’extravagance vécue au cours de ces heures passées
loin de l’autre.
Ce fut Barrons,
impatient, qui engagea la conversation le premier, jugeant que leur méditation
avait suffisamment duré.
– Bonjour Lady Barrons !
susurra-t-il au creux de l’oreille d’Arielle, frôlant intentionnellement
l’arrière de son pavillon ainsi que son cou.
Un frisson parcourant l’échine d’Arielle
se déclencha instantanément autant par la sensualité de la situation que par les
mots et la voix de son homme. Elle n’eut pas le temps de répondre que celui-ci
rajouta alors, d’une voix tout aussi aguicheuse :
– Déjà prête à remplir
vos devoirs conjugaux à ce que je sens sous mes doigts Lass Rayna ? Ne devrions-nous
pas attendre le mariage pour ça ?
Arielle rougissante,
mais surtout amusée par la remarque de son bien-aimé qui ne manquait pas de
répartie, choisit d’entrer dans son jeu.
–
Tu as tout à fait raison mon Jéricho, nous allons désormais attendre la
célébration de notre union. Et même si je ne pourrai pas de toute évidence, t’offrir
ma virginité, je saurai te combler après notre longue période
d’abstinence !
–
Je te demande pardon ? Le terme abst… le terme que tu as dit… connais pas.
Il ne fait pas partie de mon vocabulaire, lui souffla-t-il plus proche encore.
Il avait étroitement resserré son
étreinte, lui donnant un rapide aperçu du dessein qu’il prévoyait pour elle en
ce moment même. Arielle reposait sur son bras gauche, mais il avait le droit
parfaitement disponible pour lui infliger une douce torture…
Il commença par caresser de la pulpe de
ses doigts le côté du corps d’Arielle qu’il pouvait atteindre. Il débuta son
exploration par le haut de sa cuisse puis remonta très… très lentement et
s’arrêta au niveau de son cou. Il y déposa sa main tendrement. Puis, il se
pencha vers elle pour poursuivre ce voyage du bout de sa langue jusqu’au lobe
de son oreille qu’il mordilla délicatement puis de plus en plus fortement. De
cette main inerte, il vint ensuite cueillir le sein gauche d’Arielle. Cette
dernière haletait et se dandinait contre l’abdomen de son homme. Il décida
alors de se reculer brutalement et d’une voix railleuse déclara :
– Tu as raison Arielle.
L’abstinence est une EXCELLENTE idée. Elle nous permettra de mieux nous
connaître avant de célébrer notre union le 1er mai !
Arielle, frustrée de
l’arrêt soudain des caresses de Barrons et de ne plus le sentir contre elle,
n’accorda pas d’importance à la date citée. Alors qu’elle s’apprêtait à râler
du manque actuel de son homme contre son propre corps, celui-ci insista :
– Six mois, qu’est-ce
que c’est quand on a toute la vie devant soi ?!
– Six mois ? Que
dis-tu ? De quoi parles-tu Jéricho ? l’interrogea-t-elle en se
retournant, dévoilant ainsi sa nudité qui était sublimée par les rayons du
soleil l’éclairant et l’entourant d’un halo doré.
Barrons avait l’impression de contempler
un ange.
– Peux-tu répéter mon
amour s’il te plaît, je n’ai pas écouté ce que tu as dit. Que veux-tu faire
dans six mois ?
Arielle, déjà à des lieux de la réalité,
ne pouvait plus suivre assidûment leur conversation.
Barrons déglutit péniblement, mais
tentait de ne pas se laisser distraire par Arielle qui paradait devant lui,
adoptant une attitude des plus provocantes. Toutefois, il parvint à se
reprendre, inspira profondément et poursuivit son imposture :
– Ce que nous avons
pour habitude de faire à longueur de journée et crois-moi, je ne suis pas prêt
de te laisser tranquille, surtout quand tu t’offres à moi ainsi.
– Alors qu’attends-tu
pour me faire tienne ?
– Ah mais tu n’as pas
entendu, me semble-t-il, nous allons attendre notre mariage !
– Nous n’avons qu’à décider
qu’il a lieu maintenant, proposa distraitement Arielle.
– Nay, tu n’écoutes
rien Arielle, il sera célébré le 1er mai ! ria-t-il.
– Pardon ?!
s’étouffa-t-elle. Tu as décidé seul d’une date et en plus, elle est… si loin…
pourquoi ne pas attendre la fête de Lugnasad[1]
tant que nous y sommes ?!
– Tu préférerais ?
la questionna-t-il d’un ton narquois. Ainsi nous aurions encore neuf mois pour
apprendre à nous connaître…
– Et puis… perdre neuf
mois pour faire ceci…, elle s’interrompit et déposa un chaste baiser sur ses
lèvres. Ou encore ceci…, elle laissa ses mains parcourir son torse. Puis
couvrant ses pectoraux de baisers humides, descendant de plus en plus bas… de
plus en plus bas, elle suspendit ses embrassades. Et ceci…, elle recommença,
s’aventurant toujours plus bas jusqu’à la naissance de la toison pilaire
annonçant la destination visée.
Elle effleura du dos de sa main la hampe
de son sexe déjà conquis par ses caresses. Remonta brusquement à sa hauteur,
riva ses yeux incandescents dans ceux enflammés de Barrons et lui asséna :
– Tu as raison mon
amour, nous allons attendre le mariage, c’est une riche id…
Barrons
ne la laissa pas terminer sa phrase et se jeta sur sa divine bouche pour
l’embrasser férocement. Il l’avait projetée au sol et se tenait au dessus
d’elle. Elle résista une fraction de seconde puis entrouvrit la bouche laissant
la langue fougueuse de son fiancé se mêler à la sienne. Il lui attrapa les
mains qu’elle tentait de diriger vers son dos pour l’enlacer. Il les plaqua
contre le sol au dessus de sa tête et s’arrachant de leur baiser, un désir
bestial se lisant sur ses traits, il l’avertit :
– Ne t’avise plus de
m’exciter ainsi, à m’allumer même, et ensuite à te débiner, sinon je serai
contraint de…
Il laissa mourir sa menace et la pénétra
fermement, lui arrachant un premier cri de surprise puis un deuxième de jouissance.
– De quoi
Barrons ? Dis-moi s’il te plaît ! Je meurs d’envie de savoir ce que
tu me feras. Je ne comprends pas, je…, ironisa-t-elle, déjà emportée par le
plaisir.
Il se retira aussitôt,
la laissant pantelante et l’interrogea d’un air mutin :
– Tu veux vraiment
savoir Arielle, ce que je te ferai si tu t’essayes encore à me chauffer sans me
satisfaire ?
–
Och oui, je veux savoir, dis-moi, dis-moi Barrons ! Dis-moi ce que tu me
feras…
–
Tu es bien empressée ma chère Arielle. Que crois-tu que je te ferai ?
– Je me moque de ce que
tu me feras tant ce que cela implique tes mains sur mon corps, enfin pas que…
Arielle
tenta de l’attirer à ses lèvres mais Barrons la maintint plus résolument. Elle
s’écria alors :
–
Je t’en conjure, fais-moi tout ce que tu veux, mais dépêche-toi !!!
–
Tu me supplies de te baiser ?! Tu me scandalises Arielle, tu…
–
Tais-toi donc et baise-moi Barrons ! Et ce n’est pas une demande, c’est un
ordre !!!
Il la pénétra à nouveau
et cette fois-ci n’interrompit leur étreinte qu’une fois leurs pulsions
parfaitement assouvies.
– Je pourrais m’y faire
tu sais à tes ordres… Si tu ne demandes pas plus, je pourrais m’y résoudre,
l’informa Barrons espiègle.
Arielle
éclata d’un rire franc :
–
Toi ?! Tu te soumettrais ?
–
Aye, à tes injonctions de te baiser. Oui, tu recommences quand tu veux !
–
Pourtant tu t’offusques quand je te considère comme un vulgaire objet
sexuel !
–
Aye, parce que je ne suis pas « un vulgaire » mais un épatant et
sensationnel objet sexuel, ne l’oublie jamais !
–
C’est certain que je ne risque pas de l’oublier, et puis de toute manière,
bientôt tu seras tout à moi, je pourrais en jouir quand je voudrais.
L’affirmation :
« tu seras tout à moi » dérangea fortement Barrons, mais il ne releva
pas, il faudrait qu’il s’y fasse à cette idée d’appartenir à quelqu’un. La
pensée que lui possédait Arielle, lui était bien plus aisée et réjouissante. Mais,
il préférait ne pas s’y appesantir maintenant. De toute manière, il n’avait pas
d’autre solution. Arielle était la seule à pouvoir dompter la bête qui logeait
dans ses profondeurs. Il la fallait sienne pour écarter ce mal de lui.
Elle interrompit ses réflexions en lui
demandant sur un ton chagriné :
–
Étais-tu sérieux pour la date du 1er mai ? La future mariée
n’a-t-elle pas son mot à dire ? T’attends-tu à ce que je m’assujettisse à
tous tes désirs ?
–
Bien évidemment, quelle question ! Tu es une femme ! rétorqua-t-il
sur un ton sarcastique. Moi je commande et toi tu réponds du mieux que tu peux
au moindre de mes désirs. Et je précise pour ma petite obsédée, des désirs pas
que sexuels, j’en ai d’autres également à combler !
Son air sardonique informa Arielle qu’il
exagérait ses propos mais elle ne put s’empêcher de riposter tout aussi
malicieusement :
–
Je sens que notre union ne va pas être de tout repos Lord Jéricho Z
Barrons ! Au moins, la routine et l’ennui ont moins de chance de
s’installer. Mais il faut que tu saches avant d’officialiser notre relation que
s’il y a bien une personne sur Terre qui ne cessera de te défier, se sera moi !
Et pour ta gouverne, il est hors de question que je me soumette au moindre des
tes caprices, ou seulement si je le désire aussi…
Elle termina son long laïus par un
sourire enjôleur et une moue des plus coquines.
–
Je n’en attends pas moins de toi mon Ondine !!! Personne ne m’agace plus
que toi. Personne ne cherche à rivaliser avec moi comme toi tu le fais.
J’aurais préféré qu’il en soit autrement, mais je m’y résous contraint et forcé,
je ne pouvais trouver plus pénible adversaire… euh… partenaire…
Ils
éclatèrent de rire ensemble. L’heure n’était pas encore aux confidences
sentimentales, mais elle en prenait le chemin… Je vous l’accorde, le chemin faisait
des détours considérables, mais il s’agit de Jéricho Z Barrons, rien n’est
simple avec lui…
Lorsqu’enfin ils
furent, pour quelques heures, rassasiés du corps de l’un de l’autre. Ils abordèrent
maladroitement toutes les questions restées en suspens tout en cheminant vers
la falaise afin de récupérer leurs montures.
Leur premier échange
concerna la fine cicatrice qu’Arielle arborait près de son sourcil droit.
Depuis plus de deux jours qu’ils s’étaient retrouvés, Barrons n’avait pas
encore pris le temps de l’interroger sur cette marque inconnue jusqu’à présent.
Arielle resta évasive, ne souhaitant pas glisser vers un sujet qu’elle
choisissait d’étouffer. Depuis leurs retrouvailles, ses cauchemars n’étaient
pas revenus la hanter, elle comptait sur leur rareté. Elle maugréa qu’elle
s’était cognée contre le tronc en tombant de l’affreux cheval et que la plaie
avait très légèrement saigné. D’où cette minuscule trace probablement
temporaire. Finalement, celle-ci resta un vestige de cette fameuse nuit.
Dans son for intérieur, elle ne
s’expliquait pas comment son visage si boursouflé et blessé avait pu aussi
rapidement se rétablir. Toutefois, elle refusait également de s’étendre
secrètement sur cette énigme.
Ils avaient ensuite conclu
qu’ils célébreraient leur union officielle six mois plus tard, soit pour la
fête de Beltane. Le 1er mai, étant la fête celte qui ouvre et honore
les débuts de la saison estivale. En effet, à cette époque, l’année était
principalement divisée en deux périodes, celle estivale et l’autre, hivernale,
qui commençait le 1er novembre. Un mariage à cette date ne pouvait
être que placé sous de bonnes augures puisque ce jour était destiné à la
bénédiction des futurs fruits des semences plantés en amont.
Quant à la suggestion
d’abstinence, ils avaient convenu que c’était une boutade et que, même si pour
l’instant leurs ébats sexuels représentaient la majeure partie de leurs
occupations, d’une part c’était fort agréable et d’autre part, ils auraient le
reste de leur vie pour apprendre à se connaître. Barrons préférait pour
l’instant éluder l’interrogation de son existence qui perdurait maintenant
depuis bien plus longtemps que celle d’un simple mortel. Il aviserait en temps
voulu. Il devait d’abord s’assurer qu’il maîtrisait la noirceur tapie dans les
tréfonds de son être. En aucun cas, il ne souhaitait révéler à sa belle quel
mal le rongeait. Malgré elle, elle était toujours parvenue à repousser ses
fantômes, une fois unie, elle pourrait continuer sans qu’elle ne le sache
jusqu’à son dernier souffle, enfin… l’espérait-il !
Arielle,
s’était ensuite enquise de la bataille qu’il avait menée avec l’abject animal. Elle
le questionna sur la nature de cette abomination. Il lui apprit tout ce qu’il
savait sur la légende du Each Uisge mais qui tout compte fait n’en était pas
une, la créature était bien réelle. Toutefois, il lui avait sommairement conté
le récit de leur combat, abrégeant et même modifiant quelque peu le
déroulement. Le monstre l’avait entraîné dans les profondeurs de l’océan après
avoir sauté de la falaise. Il avait malgré tout réussi à rejoindre le rivage et,
le prétendu cheval, diminué par la chute, s’était facilement laissé prendre au
piège qu’il lui avait tendu. Il s’était alors emparé d’un bout de bois dont la
pointe était extrêmement pointue. Il avait visé le cœur et son adversaire s’était
effondré. Il avait immédiatement allumé un feu à partir d’autres bouts de bois
jonchant la plage et l’avait brûlé dans le but de s’assurer de sa définitive
disparition.
Arielle était septique à propos de cette
histoire mais, par culpabilité de lui taire elle-même des éléments de son
incroyable aventure, elle lui demanda seulement pourquoi il avait tant attendu
avant de revenir. Qu’avait-il fait après cette lutte victorieuse ? Barrons
lui avait répondu qu’il avait souhaité vérifier que tout le corps du Each Uisge
soit parti en fumée et qu’il avait fini par s’endormir bercé par les ombres des
flammes.
Quant à sa nudité lorsqu’il avait surgi
de nulle part, elle s’était tout simplement abstenue d’orienter la discussion
sur ce vaste terrain... Et, ce n’est pas lui qui allait se vanter de s’être exhibé
dans le plus simple appareil pour l’enjoindre de se marier avec lui !
Enfin, quand Barrons
tenta de comprendre ce que faisait Arielle sur le site de Ban Drochaid, il
avait perçu son mal-être et certainement même sa propre incompréhension. Il
avait donc accepté bon an, mal an, sa réponse nébuleuse. Elle espérait l’y
retrouver…
Après
cette discussion sibylline, ils avaient retrouvé avec soulagement leurs chevaux
respectifs qui paressaient près de la falaise où le précédent drame avait eu
lieu. Ils pourraient enfin s’entretenir sur d’autres sujets.
Ils avaient regroupé leurs affaires délaissées
deux jours auparavant et ne s’étaient pas attardés dans cet endroit reculé mais
désormais chargé d’une histoire perturbante pour tous les deux.
Une
vingtaine de jours plus tard, ils s’aimaient encore dans divers recoins
paradisiaques que proposait cette vallée. Ils n’en avaient jamais assez… Mais,
lorsque leur soif charnelle était étanchée pour un bref instant, Barrons faisait
découvrir à sa bien-aimée ses lieux favoris.
Chaque matin, être réveillés par les
premiers rayons du soleil leur procurait un sentiment d’allégresse. Être les
témoins de l’émergence du jour sur la vallée les réjouissait. La rosée qui
s’attardait encore quelques heures sur les rares fleurs et plantes qui avaient
jusqu’à présent résisté aux basses températures, rendait Dame Nature encore
plus attrayante.
Puis, malgré une
activité physique intense, le froid devenant de plus en plus intolérable, ils
décidèrent de regagner le château de Dalkeith. D’autant plus que depuis une
semaine environ, Arielle était sujette à des terreurs nocturnes. En effet, des
réminiscences des trois personnes l’ayant tourmentée pendant cette mystérieuse
nuit de Samhain passée au sein du cercle des pierres levées, vinrent la hanter.
Chaque fois qu’elle sombrait dans un
repos nécessaire, elle revivait ces trois mêmes scènes. Tout d’abord, ces
cauchemars rendirent le sommeil d’Arielle agité pendant quelques jours. Cependant,
elle abusa Barrons sur la véritable origine de ses mouvements involontaires
mais brusques jusqu’à cette fameuse nuit où elle hurla de terreur dans une
langue inconnue pour Barrons. Inquiet, il la prit dans ses bras et tendrement la
berça pour la réveiller en douceur. Aussitôt il la soupçonna de dissimuler des
informations et insista pour connaître les détails de ses mauvais rêves. L’obstination
de Barrons, qui pressentait qu’elle était en proie à des souvenirs douloureux
de son passé, eut raison de l’entêtement d’Arielle. Elle lui décrit alors le
plus précisément possible les aspects tant physiques qu’émotionnels des ces
trois persécuteurs, ce qu’ils lui disaient et aussi ses propres ressentiments.
Elle ajouta, de manière erronée mais, accidentellement, puisqu’elle n’avait pas
conscience des hallucinations vécues près du Loch, qu’elle avait été victime de
ces spectres pour la première lors de la nuit de Samhain. Elle ne spécifia pas
qu’elle n’avait aucune idée de la façon dont elle était arrivée à Ban Drochaid
ce soir-là.
Barrons comprit qu’elle était effrayée
par ces images qui, selon elle, paraissaient si réelles. D’ailleurs, elles lui
rappelèrent étrangement un cauchemar qu’il avait lui-même fait au petit matin
précédant leurs premières relations sexuelles. Comme à son habitude, il avait d’ailleurs
fui, sentant les prémices des ravages d’Arielle sur son épaisse carapace. Il
n’estima pas nécessaire de lui confier ce rapprochement, ni que lorsqu’elle
criait, elle grommelait dans une langue qu’il présumait ancestrale et qu’elle
ne sortait de sa léthargie qu’à force de bercement et de réassurance. Il
craignait de la troubler davantage s’il l’instruisait de ses propres doutes.
Les trois derniers jours, dès qu’Arielle
somnolait, ses trois scènes s’imposaient à son esprit endormi. Parfois, elle n’en
revivait qu’une, d’autres fois, plusieurs et à de nombreuses reprises. Ces
cauchemars prenaient fin quand elle vociférait, sanglotait même désormais,
jusqu’à ce que Barrons l’étreigne et lui chuchote des mots doux. Lui seul
connaît la teneur sentimentale qu’il conférait à ses paroles... Il n’a jamais
accepté de répéter ce qu’il considère comme des blasphèmes à ce qu’il
est ! Nous n’en saurons donc pas davantage.
Cette situation
devenait critique alors il décréta que c’était le moment de rentrer.
Il convainquit Arielle qu’ils s’étaient
reclus depuis trop longtemps et que le besoin de retourner à la civilisation se
faisait ressentir, enfin… essentiellement pour elle. Lui, étant de nature
indépendante, son envie de solitude grandissait de jour en jour.
Il n’avait pas totalement tort car ils
appréciaient tous deux jouir d’une certaine autonomie, or depuis quasiment
trois semaines, ils étaient constamment ensemble. C’était un exploit
spectaculaire pour eux qu’ils aient réussi à dépasser leur animosité aussi
longtemps et ne se soient pas encore entre-tués. En effet, les remarques
acerbes ne cessaient de fuser entre ces deux-là. Et l’un et l’autre étaient
relativement impulsifs et avaient un caractère bien trempé. Leurs effusions
verbales se terminaient le plus souvent en étreintes bestiales. C’était à se
demander si l’un ne provoquait pas intentionnellement l’autre pour cette
promesse tacite d’ébats fougueux et jouissifs…
Toutefois, l’authentique raison du désir
de retrouver le château de Dalkeith était ailleurs pour Barrons. Il espérait
fortement qu’en s’éloignant quelque peu de ces montagnes, qui semblaient avoir
un effet puissant et dévastateur sur Arielle, les cauchemars s’atténueraient.
***
de la répartie, de l'humour, de la sensualité encore et toujours...et bien sur, le sens du détail...un réel bonheur qu'est cette lecture, comme d'habitude, merci ma chérie, tu nous gâtes...
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