vendredi 28 septembre 2012

Jericho Z Barrons et l’Ondine sibylline #19 par Erika Cazaux


Mes petites foufounettes en fleur,

Alors pour bien débuter ce week-end qui s'annonce, voici un nouvel extrait de la fan fiction D'Erika. On avait quitter JZB et Arielle dans un moment d'une grande intensité, je te laisse découvrir la suite.
Moi je me prépare mentalement et physiquement au marathon Fièvre qui débute dimanche. J'en ai les poils de cul qui se défrise. Je suis au taquet, prête à vivre ça avec vous.


Jéricho Z Barrons et l’Ondine sibylline

Extrait n°19

            Barrons venait d’annoncer à Arielle, avec sa délicatesse légendaire, qu’ils allaient se marier. C’était un fait, pas une demande !!!
Arielle n’avait pas son mot à dire. Il la contraindrait s’il le fallait ; mais, qu’elle le veuille ou non, elle l’épouserait ! Au moins il avait plus d’assurance de la garder près de lui et de repousser ainsi sa noirceur. Il était donc inenvisageable de prendre le risque qu’Arielle décline sa proposition. Comme si une femme choisirait délibérément de se refuser à un homme si… un homme si sauvage, je vous l’accorde, mais surtout, un amant infatigable et exceptionnel et aussi un être humain, enfin, un être vivant plutôt pour être exacte, doté d’un cœur en or.
Même s’il n’en avait pas conscience, même s’il refoulait excessivement ses sentiments et si une bête sommeillait dans ses profondeurs, OUI !!! Jéricho Z Barrons était pourvu d’un cœur et pas de n’importe quel cœur… d’un cœur recelant mille et un trésors. Il était le seul à se leurrer… Cet Homme-bête ne bernait que lui !

            La cocasserie de la situation amusa Arielle qui éclata de rire. Son homme se présentait à elle totalement dénudé, au moins était-il en vie, la sermonna et termina ses reproches par la sommation d’une union officielle. Cet homme ne cesserait de la surprendre...
Que lui réservait un avenir auprès de ce futur époux ? … Elle était impatiente de le découvrir. Mais, elle était bien trop troublée pour répondre quoi que ce soit.
Barrons ne partageait pas son hilarité et fut irrité de la moquerie de sa fiancée, il se recula davantage et s’énerva :
– Pouvez-vous m’expliquer Lass Rayna ce qui vous fait rire autant ? Ne croyez pas que ce mariage va être de tout repos pour vous !!! Vous…
– Suffit Barrons, tu ne m’impressionnes pas ! Je ne consentirai pas à devenir ta femme si tu continues à me vouvoyer dès que je t’agace… car je te préviens, je n’ai pas fini de t’agacer et je ne tolérerai pas que mon mari me vouvoie.

Pour le faire enrager un peu plus, elle aimait tellement le voir s’emporter…, elle avait accentué plus qu’il n’en fallait la nomination « mon mari ». Et, lorsque celui-ci entendit le pronom possessif et son substantif : « mon mari », il frémit, détourna la tête vers la forêt et jaugea la distance qui le séparait de celle-ci.
Il pouvait si facilement fuir et ne jamais revenir près de cette femme qui allait bientôt répondre à la ridicule désignation : « sa femme ».
Mais quelle horreur ! Comment supporterai-je cet état civil et puis… et puis la monogamie ? La monogamie quoi ! ENFER !!!!!!!!!!!!!
Après tout, même si elle est requise, elle n’est pas indispensable ! Je pourrais toujours m’assurer que je ne manque rien en m’aventurant dans des terrains encore inconnus... Peut-être pourrions-nous conclure un pacte officieux de libertinage ?
La pensée d’Arielle dans les bras d’un amant lui fit immédiatement recouvrer la raison. Écœuré par cette perspective, il secoua la tête et gronda :
– Je crois que tu n’as pas très bien compris Lass Rayna, je ne te convie pas à une vie paisible et heureuse avec moi, mais plutôt à une vie de débauche. Et puis, le sentimentalisme n’est pas au programme. Il est hors de question de s’épancher sur des sentiments si futiles et ridicules, si…
Son expression se déforma au point de ressembler à de violents haut-le-cœur. Le dégoût se lut sur son visage, Arielle exaspérée, répliqua :
– C’est bon, j’ai saisi Jéricho, je ne suis pas idiote. Et puis, la vie de débauche me convient parfaitement. Si tu me promets de m’aim… de me faire l’am… euh de… bref des ébats sexuels aussi explosifs jusqu’à la fin de ta vie, je peux m’accommoder de cette vie de débauche… je crois !
– Il n’y a donc que le sexe qui t’intéresse, dévergondée que tu es ! l’accusa-t-il un sourire narquois suspendu à ses lèvres aguicheuses.
– Ce n’est pas moi qui t’ai demandé en maria… enfin non obligé de te marier avec moi, nue comme au premier jour ! N’est-ce pas la promesse d’une vie sexuelle débridée ? N’y avait-il pas un message derrière cette nudité agréablement offerte à ma vue ? Hein, Lord Barrons ?

Si Barrons souhaitait tenir tête à sa future femme, il allait devoir apprendre à maîtriser son impulsivité, sinon rares seraient les occasions de pouvoir obtenir fièrement le dernier mot. Il tenta tout de même de conserver une certaine contenance en rétorquant, la moue malicieuse et dangereusement séductrice, les mains nonchalamment posées sur ses propres hanches, formant un arc de cercle :
– Si je suis déjà à poil, c’était pour éviter de perdre du temps ! Viens ici tout de suite qu’on en finisse, Lady Jéricho Z Barrons !!!

Il n’en fallut pas plus à Arielle pour être prête à accueillir la virilité de son futur époux. Bien entendu, ce n’était pas tant l’ordre un peu primaire, quoique… dans certaines conditions cette injonction pouvait être forte excitante, mais de l’entendre prononcer son futur nom marital qui l’avait réjouie. Elle se sentit comblée comme jamais, mais c’était sans compter la fougue avec laquelle Barrons allait l’étreindre. En deux minuscules secondes, Arielle se retrouva aussi nue que Barrons et effectivement, ils ne perdirent pas de temps...
Ils ne s’embarrassèrent pas des jeux de séduction pourtant si stimulants habituellement. En cet instant, ils n’en avaient vraiment pas besoin !

Chaque fois qu’ils faisaient l’amour, c’était un feu d’artifice qui embrasait tous leurs sens mais l’incivilité avec laquelle ils s’aimèrent ce jour-là, décupla leur plaisir charnel respectif à un point inimaginable pour l’entendement humain.
N’oublions pas que, tapie dans les entrailles de Barrons, une bête somnolait. Quant à Arielle… elle ne devait pas être plus humaine que lui pour supporter une telle frénésie sensuelle…



Après avoir fait l’amour plus que de raison, ils se reposèrent quelques instants au cœur de cette Terre sacrée. Ils demeurèrent enlacés ainsi jusqu’à l’aurore du matin suivant.
Il n’était pas rare que ce lieu accueille des amants passionnés. Mais à ce jour, ces menhirs n’avaient jamais abrité une telle puissance. Pourtant, ils étaient eux-mêmes très chargés énergétiquement. La force de ces pierres avait d’ailleurs largement contribué à l’amplification de la jouissance de ces deux-là.

            Les premiers rayons de soleil avaient sorti Arielle et Barrons de leur paisible repos. Toutefois, ils ne s’étaient pas empressés de rompre leur étreinte ; ils n’avaient pas encore bougé d’un iota. Pourtant chacun savait l’autre éveillé, mais aucun n’avait encore salué l’autre. Ils se connaissaient si bien corporellement que chacun ressentait le besoin de l’autre d’un instant de répit.
Barrons tenait dans ses bras puissants le corps d’Arielle blotti contre son giron. Avant de s’endormir, ils s’étaient recouverts de la cape de Barrons pour conserver la chaleur humaine dégagée pendant leurs prouesses.
Dans cette position agréable, chacun profitait du silence montagnard pour analyser les évènements particulièrement étranges qu’ils venaient de vivre chacun personnellement la nuit précédant leurs fiançailles. Ils ne s’étaient encore rien révélés à ce sujet. Aucun n’était prêt à raconter l’extravagance vécue au cours de ces heures passées loin de l’autre.

Ce fut Barrons, impatient, qui engagea la conversation le premier, jugeant que leur méditation avait suffisamment duré.
– Bonjour Lady Barrons ! susurra-t-il au creux de l’oreille d’Arielle, frôlant intentionnellement l’arrière de son pavillon ainsi que son cou.
Un frisson parcourant l’échine d’Arielle se déclencha instantanément autant par la sensualité de la situation que par les mots et la voix de son homme. Elle n’eut pas le temps de répondre que celui-ci rajouta alors, d’une voix tout aussi aguicheuse :
– Déjà prête à remplir vos devoirs conjugaux à ce que je sens sous mes doigts Lass Rayna ? Ne devrions-nous pas attendre le mariage pour ça ?

Arielle rougissante, mais surtout amusée par la remarque de son bien-aimé qui ne manquait pas de répartie, choisit d’entrer dans son jeu.
            – Tu as tout à fait raison mon Jéricho, nous allons désormais attendre la célébration de notre union. Et même si je ne pourrai pas de toute évidence, t’offrir ma virginité, je saurai te combler après notre longue période d’abstinence !
            – Je te demande pardon ? Le terme abst… le terme que tu as dit… connais pas. Il ne fait pas partie de mon vocabulaire, lui souffla-t-il plus proche encore.
Il avait étroitement resserré son étreinte, lui donnant un rapide aperçu du dessein qu’il prévoyait pour elle en ce moment même. Arielle reposait sur son bras gauche, mais il avait le droit parfaitement disponible pour lui infliger une douce torture…
Il commença par caresser de la pulpe de ses doigts le côté du corps d’Arielle qu’il pouvait atteindre. Il débuta son exploration par le haut de sa cuisse puis remonta très… très lentement et s’arrêta au niveau de son cou. Il y déposa sa main tendrement. Puis, il se pencha vers elle pour poursuivre ce voyage du bout de sa langue jusqu’au lobe de son oreille qu’il mordilla délicatement puis de plus en plus fortement. De cette main inerte, il vint ensuite cueillir le sein gauche d’Arielle. Cette dernière haletait et se dandinait contre l’abdomen de son homme. Il décida alors de se reculer brutalement et d’une voix railleuse déclara :
– Tu as raison Arielle. L’abstinence est une EXCELLENTE idée. Elle nous permettra de mieux nous connaître avant de célébrer notre union le 1er mai !

Arielle, frustrée de l’arrêt soudain des caresses de Barrons et de ne plus le sentir contre elle, n’accorda pas d’importance à la date citée. Alors qu’elle s’apprêtait à râler du manque actuel de son homme contre son propre corps, celui-ci insista :
– Six mois, qu’est-ce que c’est quand on a toute la vie devant soi ?!
– Six mois ? Que dis-tu ? De quoi parles-tu Jéricho ? l’interrogea-t-elle en se retournant, dévoilant ainsi sa nudité qui était sublimée par les rayons du soleil l’éclairant et l’entourant d’un halo doré.
Barrons avait l’impression de contempler un ange.
– Peux-tu répéter mon amour s’il te plaît, je n’ai pas écouté ce que tu as dit. Que veux-tu faire dans six mois ?
Arielle, déjà à des lieux de la réalité, ne pouvait plus suivre assidûment leur conversation.
Barrons déglutit péniblement, mais tentait de ne pas se laisser distraire par Arielle qui paradait devant lui, adoptant une attitude des plus provocantes. Toutefois, il parvint à se reprendre, inspira profondément et poursuivit son imposture :
– Ce que nous avons pour habitude de faire à longueur de journée et crois-moi, je ne suis pas prêt de te laisser tranquille, surtout quand tu t’offres à moi ainsi.
– Alors qu’attends-tu pour me faire tienne ?
– Ah mais tu n’as pas entendu, me semble-t-il, nous allons attendre notre mariage !
– Nous n’avons qu’à décider qu’il a lieu maintenant, proposa distraitement Arielle.
– Nay, tu n’écoutes rien Arielle, il sera célébré le 1er mai ! ria-t-il.
– Pardon ?! s’étouffa-t-elle. Tu as décidé seul d’une date et en plus, elle est… si loin… pourquoi ne pas attendre la fête de Lugnasad[1] tant que nous y sommes ?!
– Tu préférerais ? la questionna-t-il d’un ton narquois. Ainsi nous aurions encore neuf mois pour apprendre à nous connaître…
– Et puis… perdre neuf mois pour faire ceci…, elle s’interrompit et déposa un chaste baiser sur ses lèvres. Ou encore ceci…, elle laissa ses mains parcourir son torse. Puis couvrant ses pectoraux de baisers humides, descendant de plus en plus bas… de plus en plus bas, elle suspendit ses embrassades. Et ceci…, elle recommença, s’aventurant toujours plus bas jusqu’à la naissance de la toison pilaire annonçant la destination visée.
Elle effleura du dos de sa main la hampe de son sexe déjà conquis par ses caresses. Remonta brusquement à sa hauteur, riva ses yeux incandescents dans ceux enflammés de Barrons et lui asséna :
– Tu as raison mon amour, nous allons attendre le mariage, c’est une riche id…

            Barrons ne la laissa pas terminer sa phrase et se jeta sur sa divine bouche pour l’embrasser férocement. Il l’avait projetée au sol et se tenait au dessus d’elle. Elle résista une fraction de seconde puis entrouvrit la bouche laissant la langue fougueuse de son fiancé se mêler à la sienne. Il lui attrapa les mains qu’elle tentait de diriger vers son dos pour l’enlacer. Il les plaqua contre le sol au dessus de sa tête et s’arrachant de leur baiser, un désir bestial se lisant sur ses traits, il l’avertit :
– Ne t’avise plus de m’exciter ainsi, à m’allumer même, et ensuite à te débiner, sinon je serai contraint de…
Il laissa mourir sa menace et la pénétra fermement, lui arrachant un premier cri de surprise puis un deuxième de jouissance.
– De quoi Barrons ? Dis-moi s’il te plaît ! Je meurs d’envie de savoir ce que tu me feras. Je ne comprends pas, je…, ironisa-t-elle, déjà emportée par le plaisir.

Il se retira aussitôt, la laissant pantelante et l’interrogea d’un air mutin :
– Tu veux vraiment savoir Arielle, ce que je te ferai si tu t’essayes encore à me chauffer sans me satisfaire ?
            – Och oui, je veux savoir, dis-moi, dis-moi Barrons ! Dis-moi ce que tu me feras…
            – Tu es bien empressée ma chère Arielle. Que crois-tu que je te ferai ?
– Je me moque de ce que tu me feras tant ce que cela implique tes mains sur mon corps, enfin pas que…

            Arielle tenta de l’attirer à ses lèvres mais Barrons la maintint plus résolument. Elle s’écria alors :
            – Je t’en conjure, fais-moi tout ce que tu veux, mais dépêche-toi !!!
            – Tu me supplies de te baiser ?! Tu me scandalises Arielle, tu…
            – Tais-toi donc et baise-moi Barrons ! Et ce n’est pas une demande, c’est un ordre !!!

Il la pénétra à nouveau et cette fois-ci n’interrompit leur étreinte qu’une fois leurs pulsions parfaitement assouvies.


– Je pourrais m’y faire tu sais à tes ordres… Si tu ne demandes pas plus, je pourrais m’y résoudre, l’informa Barrons espiègle.

            Arielle éclata d’un rire franc :
            – Toi ?! Tu te soumettrais ?
            – Aye, à tes injonctions de te baiser. Oui, tu recommences quand tu veux !
            – Pourtant tu t’offusques quand je te considère comme un vulgaire objet sexuel !
            – Aye, parce que je ne suis pas « un vulgaire » mais un épatant et sensationnel objet sexuel, ne l’oublie jamais !
            – C’est certain que je ne risque pas de l’oublier, et puis de toute manière, bientôt tu seras tout à moi, je pourrais en jouir quand je voudrais.

L’affirmation : « tu seras tout à moi » dérangea fortement Barrons, mais il ne releva pas, il faudrait qu’il s’y fasse à cette idée d’appartenir à quelqu’un. La pensée que lui possédait Arielle, lui était bien plus aisée et réjouissante. Mais, il préférait ne pas s’y appesantir maintenant. De toute manière, il n’avait pas d’autre solution. Arielle était la seule à pouvoir dompter la bête qui logeait dans ses profondeurs. Il la fallait sienne pour écarter ce mal de lui.
Elle interrompit ses réflexions en lui demandant sur un ton chagriné :
            – Étais-tu sérieux pour la date du 1er mai ? La future mariée n’a-t-elle pas son mot à dire ? T’attends-tu à ce que je m’assujettisse à tous tes désirs ?
            – Bien évidemment, quelle question ! Tu es une femme ! rétorqua-t-il sur un ton sarcastique. Moi je commande et toi tu réponds du mieux que tu peux au moindre de mes désirs. Et je précise pour ma petite obsédée, des désirs pas que sexuels, j’en ai d’autres également à combler !
Son air sardonique informa Arielle qu’il exagérait ses propos mais elle ne put s’empêcher de riposter tout aussi malicieusement :
            – Je sens que notre union ne va pas être de tout repos Lord Jéricho Z Barrons ! Au moins, la routine et l’ennui ont moins de chance de s’installer. Mais il faut que tu saches avant d’officialiser notre relation que s’il y a bien une personne sur Terre qui ne cessera de te défier, se sera moi ! Et pour ta gouverne, il est hors de question que je me soumette au moindre des tes caprices, ou seulement si je le désire aussi…
Elle termina son long laïus par un sourire enjôleur et une moue des plus coquines.
            – Je n’en attends pas moins de toi mon Ondine !!! Personne ne m’agace plus que toi. Personne ne cherche à rivaliser avec moi comme toi tu le fais. J’aurais préféré qu’il en soit autrement, mais je m’y résous contraint et forcé, je ne pouvais trouver plus pénible adversaire… euh… partenaire…

            Ils éclatèrent de rire ensemble. L’heure n’était pas encore aux confidences sentimentales, mais elle en prenait le chemin… Je vous l’accorde, le chemin faisait des détours considérables, mais il s’agit de Jéricho Z Barrons, rien n’est simple avec lui…



Lorsqu’enfin ils furent, pour quelques heures, rassasiés du corps de l’un de l’autre. Ils abordèrent maladroitement toutes les questions restées en suspens tout en cheminant vers la falaise afin de récupérer leurs montures.
Leur premier échange concerna la fine cicatrice qu’Arielle arborait près de son sourcil droit. Depuis plus de deux jours qu’ils s’étaient retrouvés, Barrons n’avait pas encore pris le temps de l’interroger sur cette marque inconnue jusqu’à présent. Arielle resta évasive, ne souhaitant pas glisser vers un sujet qu’elle choisissait d’étouffer. Depuis leurs retrouvailles, ses cauchemars n’étaient pas revenus la hanter, elle comptait sur leur rareté. Elle maugréa qu’elle s’était cognée contre le tronc en tombant de l’affreux cheval et que la plaie avait très légèrement saigné. D’où cette minuscule trace probablement temporaire. Finalement, celle-ci resta un vestige de cette fameuse nuit.
Dans son for intérieur, elle ne s’expliquait pas comment son visage si boursouflé et blessé avait pu aussi rapidement se rétablir. Toutefois, elle refusait également de s’étendre secrètement sur cette énigme.
Ils avaient ensuite conclu qu’ils célébreraient leur union officielle six mois plus tard, soit pour la fête de Beltane. Le 1er mai, étant la fête celte qui ouvre et honore les débuts de la saison estivale. En effet, à cette époque, l’année était principalement divisée en deux périodes, celle estivale et l’autre, hivernale, qui commençait le 1er novembre. Un mariage à cette date ne pouvait être que placé sous de bonnes augures puisque ce jour était destiné à la bénédiction des futurs fruits des semences plantés en amont.
Quant à la suggestion d’abstinence, ils avaient convenu que c’était une boutade et que, même si pour l’instant leurs ébats sexuels représentaient la majeure partie de leurs occupations, d’une part c’était fort agréable et d’autre part, ils auraient le reste de leur vie pour apprendre à se connaître. Barrons préférait pour l’instant éluder l’interrogation de son existence qui perdurait maintenant depuis bien plus longtemps que celle d’un simple mortel. Il aviserait en temps voulu. Il devait d’abord s’assurer qu’il maîtrisait la noirceur tapie dans les tréfonds de son être. En aucun cas, il ne souhaitait révéler à sa belle quel mal le rongeait. Malgré elle, elle était toujours parvenue à repousser ses fantômes, une fois unie, elle pourrait continuer sans qu’elle ne le sache jusqu’à son dernier souffle, enfin… l’espérait-il !
            Arielle, s’était ensuite enquise de la bataille qu’il avait menée avec l’abject animal. Elle le questionna sur la nature de cette abomination. Il lui apprit tout ce qu’il savait sur la légende du Each Uisge mais qui tout compte fait n’en était pas une, la créature était bien réelle. Toutefois, il lui avait sommairement conté le récit de leur combat, abrégeant et même modifiant quelque peu le déroulement. Le monstre l’avait entraîné dans les profondeurs de l’océan après avoir sauté de la falaise. Il avait malgré tout réussi à rejoindre le rivage et, le prétendu cheval, diminué par la chute, s’était facilement laissé prendre au piège qu’il lui avait tendu. Il s’était alors emparé d’un bout de bois dont la pointe était extrêmement pointue. Il avait visé le cœur et son adversaire s’était effondré. Il avait immédiatement allumé un feu à partir d’autres bouts de bois jonchant la plage et l’avait brûlé dans le but de s’assurer de sa définitive disparition.
Arielle était septique à propos de cette histoire mais, par culpabilité de lui taire elle-même des éléments de son incroyable aventure, elle lui demanda seulement pourquoi il avait tant attendu avant de revenir. Qu’avait-il fait après cette lutte victorieuse ? Barrons lui avait répondu qu’il avait souhaité vérifier que tout le corps du Each Uisge soit parti en fumée et qu’il avait fini par s’endormir bercé par les ombres des flammes.
Quant à sa nudité lorsqu’il avait surgi de nulle part, elle s’était tout simplement abstenue d’orienter la discussion sur ce vaste terrain... Et, ce n’est pas lui qui allait se vanter de s’être exhibé dans le plus simple appareil pour l’enjoindre de se marier avec lui !
Enfin, quand Barrons tenta de comprendre ce que faisait Arielle sur le site de Ban Drochaid, il avait perçu son mal-être et certainement même sa propre incompréhension. Il avait donc accepté bon an, mal an, sa réponse nébuleuse. Elle espérait l’y retrouver…

            Après cette discussion sibylline, ils avaient retrouvé avec soulagement leurs chevaux respectifs qui paressaient près de la falaise où le précédent drame avait eu lieu. Ils pourraient enfin s’entretenir sur d’autres sujets.
Ils avaient regroupé leurs affaires délaissées deux jours auparavant et ne s’étaient pas attardés dans cet endroit reculé mais désormais chargé d’une histoire perturbante pour tous les deux.


            Une vingtaine de jours plus tard, ils s’aimaient encore dans divers recoins paradisiaques que proposait cette vallée. Ils n’en avaient jamais assez… Mais, lorsque leur soif charnelle était étanchée pour un bref instant, Barrons faisait découvrir à sa bien-aimée ses lieux favoris.
Chaque matin, être réveillés par les premiers rayons du soleil leur procurait un sentiment d’allégresse. Être les témoins de l’émergence du jour sur la vallée les réjouissait. La rosée qui s’attardait encore quelques heures sur les rares fleurs et plantes qui avaient jusqu’à présent résisté aux basses températures, rendait Dame Nature encore plus attrayante.
Puis, malgré une activité physique intense, le froid devenant de plus en plus intolérable, ils décidèrent de regagner le château de Dalkeith. D’autant plus que depuis une semaine environ, Arielle était sujette à des terreurs nocturnes. En effet, des réminiscences des trois personnes l’ayant tourmentée pendant cette mystérieuse nuit de Samhain passée au sein du cercle des pierres levées, vinrent la hanter.
Chaque fois qu’elle sombrait dans un repos nécessaire, elle revivait ces trois mêmes scènes. Tout d’abord, ces cauchemars rendirent le sommeil d’Arielle agité pendant quelques jours. Cependant, elle abusa Barrons sur la véritable origine de ses mouvements involontaires mais brusques jusqu’à cette fameuse nuit où elle hurla de terreur dans une langue inconnue pour Barrons. Inquiet, il la prit dans ses bras et tendrement la berça pour la réveiller en douceur. Aussitôt il la soupçonna de dissimuler des informations et insista pour connaître les détails de ses mauvais rêves. L’obstination de Barrons, qui pressentait qu’elle était en proie à des souvenirs douloureux de son passé, eut raison de l’entêtement d’Arielle. Elle lui décrit alors le plus précisément possible les aspects tant physiques qu’émotionnels des ces trois persécuteurs, ce qu’ils lui disaient et aussi ses propres ressentiments. Elle ajouta, de manière erronée mais, accidentellement, puisqu’elle n’avait pas conscience des hallucinations vécues près du Loch, qu’elle avait été victime de ces spectres pour la première lors de la nuit de Samhain. Elle ne spécifia pas qu’elle n’avait aucune idée de la façon dont elle était arrivée à Ban Drochaid ce soir-là.
Barrons comprit qu’elle était effrayée par ces images qui, selon elle, paraissaient si réelles. D’ailleurs, elles lui rappelèrent étrangement un cauchemar qu’il avait lui-même fait au petit matin précédant leurs premières relations sexuelles. Comme à son habitude, il avait d’ailleurs fui, sentant les prémices des ravages d’Arielle sur son épaisse carapace. Il n’estima pas nécessaire de lui confier ce rapprochement, ni que lorsqu’elle criait, elle grommelait dans une langue qu’il présumait ancestrale et qu’elle ne sortait de sa léthargie qu’à force de bercement et de réassurance. Il craignait de la troubler davantage s’il l’instruisait de ses propres doutes.
Les trois derniers jours, dès qu’Arielle somnolait, ses trois scènes s’imposaient à son esprit endormi. Parfois, elle n’en revivait qu’une, d’autres fois, plusieurs et à de nombreuses reprises. Ces cauchemars prenaient fin quand elle vociférait, sanglotait même désormais, jusqu’à ce que Barrons l’étreigne et lui chuchote des mots doux. Lui seul connaît la teneur sentimentale qu’il conférait à ses paroles... Il n’a jamais accepté de répéter ce qu’il considère comme des blasphèmes à ce qu’il est ! Nous n’en saurons donc pas davantage.
Cette situation devenait critique alors il décréta que c’était le moment de rentrer.
Il convainquit Arielle qu’ils s’étaient reclus depuis trop longtemps et que le besoin de retourner à la civilisation se faisait ressentir, enfin… essentiellement pour elle. Lui, étant de nature indépendante, son envie de solitude grandissait de jour en jour.
Il n’avait pas totalement tort car ils appréciaient tous deux jouir d’une certaine autonomie, or depuis quasiment trois semaines, ils étaient constamment ensemble. C’était un exploit spectaculaire pour eux qu’ils aient réussi à dépasser leur animosité aussi longtemps et ne se soient pas encore entre-tués. En effet, les remarques acerbes ne cessaient de fuser entre ces deux-là. Et l’un et l’autre étaient relativement impulsifs et avaient un caractère bien trempé. Leurs effusions verbales se terminaient le plus souvent en étreintes bestiales. C’était à se demander si l’un ne provoquait pas intentionnellement l’autre pour cette promesse tacite d’ébats fougueux et jouissifs…
Toutefois, l’authentique raison du désir de retrouver le château de Dalkeith était ailleurs pour Barrons. Il espérait fortement qu’en s’éloignant quelque peu de ces montagnes, qui semblaient avoir un effet puissant et dévastateur sur Arielle, les cauchemars s’atténueraient.

***





[1] Lugnasad : fête celte du 1° août célébrant le mitan de l’été.


Déclaration des droits d’Auteur sous le numéro 00051639.

1 commentaire:

  1. de la répartie, de l'humour, de la sensualité encore et toujours...et bien sur, le sens du détail...un réel bonheur qu'est cette lecture, comme d'habitude, merci ma chérie, tu nous gâtes...

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Toi aussi tu es en pleine barronite aiguë? Ce n'est pas sale. Viens tout nous raconter.

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