Quoi mes ptits culs?
On est déjà lundi?
Mais qu'on arrête ce temps qui passe trop vite.
Enfin bon qui dit lundi dit le slip de David gandy et la fan fiction D'érika.
Double dose de bonheur.
Jéricho Z Barrons et
l’Ondine sibylline
Extrait
n°18
Barrons,
les sens encore excités par leurs fougueux ébats, avait aperçu Arielle
s’approchant dangereusement d’un cheval de couleur ébène qui, aux yeux d’un
être humain, pouvait sembler fort attirant et avenant. Or, il n’en était rien…
Le folklore féerique et
notamment celte, nomme cette sournoise créature un Each Uisge[1].
Ce prétendu cheval (parfois il prend les
traits d’un homme séduisant) se recouvre d’un charme qui lui donne l’allure
d’un étalon, le dote d’une grâce féline et pousse sa future victime à ne
désirer plus qu’une chose : le chevaucher. Seuls indices qui pourraient
détourner cette dernière de ce monstre sont les élodées[2]
qui se mêlent à sa crinière. Toutefois, la fascination est tellement forte
qu’elle finit quasiment toujours par monter sur le dos de la créature. De plus,
si l’attaque masquée de la créature a lieu la nuit, le halo de lumière
iridescente qui l’entoure brille davantage pour éclairer les pas de son futur
butin.
Et alors, celle-ci est emprisonnée par
la viscosité et l’adhésivité de la peau du Each Uisge. Une odeur ou une vision
d’eau à ce moment-là présage de l’imminente et douloureuse mort de l’ensorcelé.
L’enchantement rompu, la proie découvre avec répulsion que ce cheval est d’une
laideur atroce et qui plus est, se révèle terrifiant et maltraitant.
À moins de dérober la bride[3],
le plus souvent de couleur noire, et de pouvoir alors s’extirper de la
créature, ce qui est extrêmement rare, il est trop tard. La personne dupée ne peut
plus se dégager de la supercherie de cet esprit maléfique et se trouve emportée
à grands galops dans les profondeurs marines. Cette monstruosité noie
l’innocent puis, le ramène sur le rivage et se délecte de son corps ainsi que
de ses entrailles à l’exception de son foie.
Voilà
ce qui attendait Arielle si Barrons n’atteignait pas à temps cet esprit
maléfique.
Il se trouvait à plus d’une centaine de
mètres de la jeune femme qui avançait de manière hypnotique vers la créature.
Cette dernière se tenait tranquille et faisait face à Arielle comme si elle
l’attendait patiemment. Elle se reposait sous l’épais feuillage d’un
gigantesque arbre situé à quelques mètres seulement de la falaise surplombant
l’océan.
Barrons commença à hurler dès qu’il
perça l’enjeu de la situation. Plus il se rapprochait et plus cette immonde créature
lui semblait familière. C’est alors qu’il reconnut la tâche aux angles bien
plus carrées que les autres du Boobrie rencontré deux jours auparavant. Finalement,
Arielle avait eu raison d’être effrayée par ce ridicule canard. Il comprenait également
désormais la source de la récente agitation interne de son instinct animal
qu’il avait fermement décidé d’ignorer lors de leur trajet. Arielle mettait à
rude épreuve ce qu’il était et sa joie l’avait conduit à une situation des plus
dramatiques.
Arielle, quant à elle,
était donc sous le charme de cette affreuse créature mais n’en avait pas
conscience. Elle qui était si pure et naïve, malgré une répartie parfois acerbe
lorsque lui-même ou Hawk le méritait, Barrons l’avait toujours connue très
chaleureuse et bienveillante. Découvrant un cheval esseulé, il n’était pas
surprenant qu’elle ait souhaité lui prodiguer quelques caresses, bien loin de
s’imaginer qu’elle risquait de périr à cause de sa bonté.
Tout
en se précipitant à vitesse effrénée vers Arielle, Barrons hurlait de toutes
ses forces ; des inflexions rauques et animales s’échappaient de sa gorge.
Il ordonnait à Arielle de s’écarter de ce maudit cheval et pourtant, elle qui
sursautait au moindre son de sa voix, à cet instant-là, elle semblait ne même
pas l’entendre. Elle était totalement subjuguée par la créature.
En quelque pas Barrons avait parcouru
une distance phénoménale mais ce n’était pas suffisant pour empêcher sa bien-aimée
de se rapprocher sensiblement de l’animal la main tendue en avant. Alors qu’il
continuait à s’époumoner, il sentit une colère se propager dans tout son corps,
ses muscles déjà puissants s’étirèrent davantage, ce qui lui permit d’accélérer
encore le pas.
Il n’était plus qu’à de
minuscules mètres d’Arielle lorsqu’il constata tragiquement qu’elle s’apprêtait
à toucher la crinière, d’un brun luisant et lisse pour elle, mais ébouriffée,
parsemées d’élodées soit, terriblement hideuse et repoussante pour lui. Elle
caressait maintenant à pleine main la tête puis le flanc du cheval. Celui-ci semblait
hennir de plaisir pour sa victime, mais qui vraisemblablement, bramait comme
une harpie pour ceux qui n’étaient pas sous le charme. Barrons était très
contrarié par ce qu’il voyait se dérouler sous ses yeux et se sentait
impuissant. Il pestait si fort qu’il devait même déranger le calme habituel des
montagnes environnantes.
Arielle enfonça son
premier pied dans l’étrier et donna l’impulsion nécessaire pour monter sur le
dos de cette abomination. Une fois le corps d’Arielle entièrement sur la croupe
du Each Uisge, celui-ci commencerait à cavaler et il serait trop tard, il n’y
aurait plus de retour en arrière…
Même s’il était d’une rapidité
inhumaine, Barrons ne pourrait pas rattraper l’animal en furie. D’autant plus
que celui-ci était bien trop près de la falaise de laquelle il s’élancerait
sans même que Barrons ne puisse agir, et il serait trop tard… Il perdrait
Arielle définitivement !!!
Quelle serait sa vie maintenant
qu’il avait connu le plaisir de la chair accompagné de la joie de partager la
même passion pour l’existence à l’état sauvage et pour les éléments
naturels ? Et puis, il voulait tellement la connaître et découvrir ce
qu’ils avaient d’autres en commun ! Il n’avait eu que trop peu l’occasion
de profiter de son érudition, pourtant il savait combien elle était brillante. Sa
répartie si aiguisée et ses propos tellement soignés, malgré son amnésie,
faisaient d’elle une femme intelligente et cultivée.
Si seulement, il avait pris le temps de retracer
son histoire au lieu de l’entraîner constamment dans les dédales du Sexe. Même
si elle n’en avait plus le souvenir, il aurait pu tenter de l’aider à recouvrer
quelques bribes de son passé. La seule initiative qu’il avait prise dans ce
sens était la visite des pierres levées de Ban Drochaid ce jour-même. Mais pour
l’instant, ils n’en avaient pas encore discuté. Il ne savait toujours pas pour
quelles raisons elle avait réagi si intensément au contact de cette terre. Bien
qu’elle soit vigoureusement chargée énergétiquement, il ne s’expliquait pas le
comportement excessif de son Ondine. Or, il aurait souhaité être dans la
confidence, appréhender les ressentis de sa bien-aimée. Il ne saurait jamais… Et
elle... elle n’apprendrait jamais ce qu’il éprouvait pour elle. Oui,
d’ailleurs, qu’éprouvait-il pour elle ?
Mais
qu’est-ce que ça peut bien faire hein ? Qui s’en préoccupe ??? On
s’en contre-fiche de ce que je peux ressentir si Arielle doit crever sous les crocs
de ce monstre ! ENFER !!! N.O.N. !!! Je ne peux laisser un tel
monstre me l’arracher alors que j’ai tant de délicieux moments à vivre encore
avec elle !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Ce furent les dernières pensées qui
traversèrent l’esprit de Barrons avant de se jeter tel un animal enragé sur
Arielle, qui était, l’estimerait-elle encore quelques secondes, confortablement
installée sur la selle d’un sublime et plaisant cheval.
Barrons avait bondi,
aussi agressivement voire mieux, qu’une panthère sautant sur son gibier. Il se
surprit lui-même de la force décuplée dont il fit preuve car malgré les infimes
chances d’atteindre Arielle, il parvint pourtant à la projeter au sol. Il
réussit cette performance alors que celle-ci avait déjà saisi la bride de cet
horrible cheval et qu’il s’élançait dans un galop dépassant l’entendement.
Barrons avait donc pris la place de la
future condamnée. Il ne savait pas comment elle se portait et au lieu de
s’intéresser aux prochains gestes à accomplir pour se libérer de l’emprise de
son agresseur, il s’inquiétait de la santé d’Arielle. Il craignait en effet de l’avoir
blessée en la propulsant si violemment du Each Uisge.
Et
si elle a percuté le tronc de l’arbre dont cette créature était si proche ?
Et si elle avait perdu connaissance alors que je ne suis pas avec elle, qu’elle
est seule ??? Et si par chance, elle était seulement tombée sans se
meurtrir démesurément, a-t-elle réussi à se soustraire de l’enchantement ?
A-t-elle retrouvé la raison ? Et s’il lui prenait l’envie de se jeter du
haut de la falaise à cause du sort brisé si brutalement ?
ENFER !!!!!!!!!!!!!!! Cette femme me torture sans même me toucher !
– JE LA DÉTESTE, JE LA
DÉTESTE, JE TE DÉTESTE ARIELLE RAYNA, braillait-il avant de se reprendre et de
se concentrer sur la prochaine des actions à entreprendre.
Tandis que le Each
Uisge se dirigeait vers le bord du précipice comme il le redoutait, il ne
pouvait ni lâcher la bride, ni se détacher de la peau adhérente de la créature.
S’il n’y parvenait pas à temps il allait indubitablement faire un plongeon
vertigineux dans des eaux profondes qui le rejetteraient certainement de
manière violente. Il en avait fait l’expérience quelques jours auparavant.
L’issue n’était pas des plus favorables pour lui. Des réminiscences de cette
insupportable sensation d’un corps se décomposant l’assaillirent. Il revécut
cette métamorphose animale un instant. L’événement passé, il n’y avait plus
songé une seule fois depuis.
Alors que la bête emballa son pas juste
avant de fondre sur la bordure du promontoire et de s’élever dans les airs,
Barrons eut l’intuition que peut-être il pourrait faire appel à cette part de
lui-même qu’il n’avait jamais cherché à connaître.
La créature lui parut
voler, puis comme si elle galopait sur un sol invisible elle était déterminée à
rencontrer les flots une centaine de mètres plus bas. Barrons tentait vainement
de s’extraire de l’adhésivité écœurante de cet esprit malfaisant, mais rien n’y
faisait. Il ne pouvait même pas remuer. Toutes les parties qui épousaient le
corps de cette ignominie ne pouvaient faire le moindre mouvement. Une pointe de
dégoût s’empara de lui. Jamais il ne s’était senti prisonnier de la sorte. En
dépit de sa longue vie, pas une seule fois il avait souffert d’un tel
asservissement. Même s’il avait connu de nombreuses situations douloureuses,
son corps, son meilleur allié, s’était toujours remis plus ou moins rapidement,
des blessures issues d’ennemis tous plus vils les uns que les autres.
La dernière personne
qui avait tenté de le diminuer était cette gitane malintentionnée. D’ailleurs à
ce sujet, il réalisa qu’Arielle, sans le savoir, l’avait détourné de sa
vengeance, il n’avait en effet plus pensé à aller rendre une cordiale visite à
celle qui avait souhaité l’anéantir. Esméralda avait été épargnée grâce à
l’intérêt suscité par Arielle. Il était tellement tourmenté par cette dernière
qu’il avait complètement oublié cette fâcheuse anecdote jusqu’à cet instant.
Il faudrait pourtant la faire payer pour
ce qu’elle avait osé lui faire subir. Mais pour l’heure, il se rappelait
surtout la promptitude de sa guérison corporelle. Bien qu’il ait été privé de
quasiment tous ses sens, ils étaient réapparus soudainement sans qu’il ne
comprenne réellement la raison de ce brutal rétablissement.
Malgré la colère occasionnée par ce
souvenir désagréable additionnée à celle de la situation actuelle déplaisante,
une autre réminiscence se manifesta. Les vestiges des caresses échangées avec
Arielle, sans connaître son identité à ce moment-là, dans la fauconnerie de
Hawk lui arracha un sourire niais. Il ressentit dans son giron l’empreinte de
cette étreinte. Maintenant qu’il risquait de la perdre, il acceptait combien
cette femme l’avait transformé. Il n’était plus le même homme depuis que leur
regard s’était croisé. Au demeurant, il y avait fort à parier, que si ses sens
avaient retrouvé leur vitalité lorsqu’ils s’étaient embrassés pour la première
fois, ce n’était absolument pas un hasard.
Cette femme lui faisait un effet sans
précédent !
Même s’il se remémorait
d’exquis moments partagés avec Arielle, il avait fourni de stériles efforts
enragés. Cependant, il n’avait effectivement pas pu s’extirper de la peau
gluante de cette horreur. Et, c’est dans un fracas assourdissant qu’ils heurtèrent
l’eau alors que Barrons goûtait encore à cet ardent baiser. Cette créature
envisageait de poursuivre sa course dans les profondeurs marines.
Or, dès que Barrons pénétra dans l’eau
une réaction épidermique se produisit. Le malfaisant s’enfonçait dans l’eau
pendant que l’impensable se déclencha.
La métamorphose qui
avait commencé mais rapidement cessé lors de son dernier bain océanique, en
bousculant seulement son ossature et son métabolisme, se répéta. Il était toujours
sur le dos du Each Uisge quand il ressentit tous ses os s’allonger, ses muscles
et tendons infiniment s’étirer, sa peau craqueler et alors il fut dépecé.
Barrons souffrait le martyr, il n’avait jamais ressenti un tel supplice
physique. Même la première fois que son corps avait connu les prémisses de
cette transformation, elles n’avaient pas été aussi douloureuses.
Aujourd’hui, tout son
corps mutait en une forme bestiale. Ses vêtements se déchirèrent au fur et à
mesure de sa mutation.
Ses mains déjà colossales s’agrandirent et
quadruplèrent. Ses ongles s’arrachèrent pour laisser place à des griffes
pointues. Ses bras et jambes se modifièrent en membres costauds d’animal
imposant. Quant à ses pieds, ils se développèrent et prirent une forme palmée à
cinq orteils également munis de griffes. Ses pectoraux et ses abdominaux si
proéminents continuèrent de se sculpter.
En parallèle, il avait l’impression que
sa boîte crânienne explosait. Son faciès évoluait jusqu’à ce que ses traits
humains disparaissent. La taille de ses dents augmenta au point de devenir des
crocs aussi affûtés que ceux d’un morse. Ses yeux si foncés habituellement
changèrent également. Ses pupilles avaient cédé la place à des orbites d’un
rouge naissant irradiant. Son regard était effroyable. Il bénéficia alors d’une
vision aquatique sur-développée et perçut des bancs de poissons, pourtant de grande
taille, qui semblèrent terrorisés par lui. Il ressentait émotionnellement la
peur qu’il causait au monde sous-marin. Deux cornes de bélier lui poussèrent au
sommet du crâne, suivies de deux autres plus petites et droites de chaque côté
de la tête encadrant ses oreilles. Celles-là se prolongèrent d’ailleurs et
rappelèrent celles des elfes. Sa chevelure déjà longue à l’origine s’étendit
encore.
Son audition aussi se précisa alors
qu’elle était déjà bien plus aiguisée que celle d’une oreille humaine ordinaire.
Son odorat en fit de même.
Même son membre déjà si viril s’allongea
et le diamètre s’accrût. Il était proportionnel à l’inconcevable carrure qu’était
désormais la sienne.
Pour finir, une fourrure sombre aux
poils longs naquit sur les avants bras de la peau entièrement brune de Barrons.
Malgré sa terrifiante physionomie, il n’en demeurait pas moins charismatique.
Il mesurait désormais deux fois plus que
sa taille déjà impressionnante à l’origine.
Son corps n’avait donc plus
rien en commun avec celui de l’homme moderne, mais ressemblait plutôt à celui
d’un homme transformé en animal sauvage et meurtrier. Il était devenu une
bête : le Barrons-bête.
Un
son guttural faisant trembler les êtres vivants sensibles à des kilomètres à la
ronde le libéra de l’épouvantable sensation vécue jusque là. Le calvaire cessa
immédiatement. Il gronda plus que de raison jusqu’à ce qu’il s’aperçoive que le
seul lien qui le retenait encore à la créature était son maintien de la bride.
En outre, il n’était plus vraiment sur le cheval puisqu’il était beaucoup plus grand
que celui-ci. Il comprit avec amusement qu’il était en train de le couler
plutôt que d’être mené par son adversaire. La tournure de la lutte s’était
modifiée sans même qu’il ne remarque qu’il avait pris l’avantage. Il lâcha une
fraction de seconde la bride pour vérifier ce fort pressentiment. Le Each
Uisge, apeuré et troublé par l’aspect effrayant de sa supposée victime, tenta
de fuir à toute vitesse. Le Barrons-bête se lança alors à la poursuite du
déserteur, non sans éprouver quelques difficultés à nager avec ce nouveau
corps. Sa colère s’était convertie en excès de violence.
Il le rattrapa aisément
et le saisit volontairement par la bride. Ainsi, c’est lui qui prit les reines
et le conduisit vers le rivage. Pour la première fois depuis leur rencontre, il
montrait sa supériorité à l’attaquant. Il allait lui faire regretter de…
qu’allait regretter ce monstre ?
Le Barrons-bête n’avait aucune idée de la
façon dont il était apparu ici, mais ce qui était certain, c’est qu’il allait
tuer cette créature ! Seul comptait son désir viscéral, vital même, de le
massacrer. Il n’avait nullement besoin d’un motif.
Sa conscience s’étant
quelque peu égarée au fond de l’océan, il ne prit pas le temps de se demander ce
que le changement de milieu provoquerait. Resterait-il sous cette forme certes
bestiale mais franchement robuste et invincible ?
Toutefois, le Barrons-bête conservait
une part humaine. Et au plus profond de lui-même, dans une partie totalement
inconsciente à laquelle la bête n’avait pas accès, il savait qu’il fallait en
finir avec cet Each Uisge. Effectivement, à en juger par le nombre de foies
desséchés rejetés sur la plage, il n’en était pas à sa première victime. Cette
atrocité devait être mise hors d’état de nuire ; il avait suffisamment fait
de dégâts. Et puis, cette partie de lui-même ensevelie ne voulait en aucun cas
défier le destin, si Arielle et lui se sortaient indemne de cette mésaventure,
il fallait définitivement éradiquer ce fléau et éviter ainsi une récidive de sa
part.
Le
Barrons-bête sortit de l’eau le monstre qu’il traînait maintenant par la bride.
Celui-ci se débattait mais était bien moins vigoureux. Il découvrit, jubilant,
qu’il pouvait aussi bien se tenir debout que se mettre à quatre pattes. Jouir
de ces deux différentes mais complémentaires postures favorisait sa garde.
La partie humaine du Barrons-bête fut donc
extrêmement soulagée de conserver sa forme animale, ainsi ils pourraient se
battre à armes égales.
S’ensuivit
un combat féroce entre deux créatures sauvages qui s’opposaient dans le seul
but de supprimer son adversaire.
Grâce à sa bestialité nouvellement
acquise, le Barrons-bête put administrer des coups à son persécuté à la hauteur
de la colère qu’il avait éveillée.
Cette bataille dura cependant un certain
temps, le Barrons-bête était assurément plus fort mais ne maîtrisait pas encore
sa récente apparence. Plus d’une fois, il fut terrassé par le Each Uisge qui
profitait du noviciat de son ennemi. Mais il se relevait plus puissant à
chacune des attaques sournoises du monstre. Alors que ce dernier asséna un
violent coup au Barrons-bête, la rage de ce dernier se décupla tellement que
ses griffes déjà acérées s’allongèrent davantage.
Il dissimula ses mains animales derrière
son dos. Lorsque la créature le chargea, tandis qu’il sembla se laisser faire,
de ses nouveaux couteaux faisant office d’ongles, il lui trancha le corps en
deux. L’hémicorporectomie subie par le Each Uisge lui rendit sa forme humaine.
Avant d’être une ignoble créature, il avait probablement dû être un homme.
Celui-ci eut la force de supplier le Barrons-bête de l’achever. Il le démembra
aussitôt lacérant ce corps à coup de griffes. Il laissa libre cours à sa
rage ; il avait besoin d’évacuer toute la colère accumulée depuis qu’il
avait tremblé à la perspective de perdre Arielle. Lorsqu’il commença à dompter
son irritation, il partit en quête de branches sèches afin d’allumer un feu et
de brûler les restes écharpés. En quelques foulées il avait rejoint la falaise
à plus de cinq kilomètres d’où se trouvait Arielle toujours inconsciente. Il
avait récupéré des bouts de bois qui permettraient d’enflammer sa victime. Il
devenait aussi efficace dans la posture animale qu’à l’aise avec ses pattes
supérieures dotées de griffes rétractables. Il jeta habilement les membres de
son assaillant dans le feu. L’hégémonie d’un esprit si malveillant terrorisant
ses victimes jusqu’à leur mort certaine prit ainsi fin.
Depuis
qu’il s’était transformé en une bête redoutable, Barrons n’avait plus eu une seule
réelle pensée pour Arielle. D’ailleurs, le Barrons-bête ne réfléchissait plus
comme un être humain mais comme un prédateur. Cette lutte lui avait atrocement
ouvert l’appétit. Il arpenta à nouveau à quatre pattes les landes de bruyère
très sèches en cette saison et fit un carnage dans la forêt la plus proche
pendant des heures.
Une fois rassasié, le Barrons-bête
s’endormit dans un terrier qu’il avait lui-même creusé en deux coups de
griffes.
h
La
bousculade de Barrons avait coûté à Arielle une perte de connaissance. Comme il
le craignait, il l’avait involontairement blessée. Le côté droit de sa face
avait percuté le tronc du colossal arbre très proche du prétendu cheval.
Quelques minutes plus
tard, elle s’était réveillée en sursaut, les idées confuses et un goût
métallique dans la bouche.
De prime abord, elle ne se souvint plus
où elle se trouvait. Sa seconde pensée alla à Barrons.
Où
était-il et… oh mon dieu, il est… il est… Est-il parti comme il a l’habitude de
le faire ? M’a-t-il quittée une énième fois ? Non, ce n’est pas
possible, il me semble que notre relation progresse. Il n’a pas pu me laisser
ici dans une nuit entièrement enténébrée sans même une source lumineuse.
Comment a-t-il osé ? Non, le Jéricho de ces derniers jours n’aurait pas pu
me de délaisser de la sorte. C’est juste IMPOSSIBLE !
Arielle commença à bramer :
– JÉRICHO, OÙ
ES-TU ? … SI TU TE CACHES, JE TE JURE QUE JE TE RETROUVERAI ! JE TE
RETROUVERAI À L’AUTRE BOUT DE LA TERRE S’IL LE FAUT !!! JE TE JURE QUE JE
TE RETROUVERAI ET JE T’ENCHAÎNERAI !!! … SI TU TE…
Arielle agacée et
inquiète, hurla jusqu’au moment où une vive douleur du côté droit de sa tête
interrompit ses jérémiades. Elle explora d’un doigt son cuir chevelu et fut
surprise de constater qu’une matière épaisse et visqueuse collait quelques
mèches entre elles. Elle ne put retenir un cri de souffrance lorsqu’elle toucha
la contusion. En même temps une sensation désagréable dans sa pommette se
réveilla. De la pulpe de son index, elle effleura le côté droit de son visage.
Elle partit de la mâchoire, remonta la joue, passa par la pommette et insista
sur l’arcade sourcilière où elle sentit une plaie ouverte. Elle sentit qu’un
filet de liquide coulait sur sa joue mêlé à une texture déjà séchée. Elle
devait saigner en continu depuis un moment. L’arcade sourcilière est une partie
du visage très sensible à la moindre meurtrissure. Angoissée, elle pétrit le
côté gauche de sa tête et il lui sembla alors que le droit avait doublé de
volume. De plus, elle éprouvait des difficultés à ouvrir l’œil de ce même côté.
Cette face était tuméfiée par l’impact. Et, l’entaille faite laisserait
probablement une cicatrice partant de sa pommette et remontant sur trois cm
environ parallèle à la courbe de son sourcil. Quant au goût âpre qu’elle avait
dans la bouche, il venait d’une blessure qu’elle s’était infligée certainement
en se mordant l’intérieur de la bouche lors de la collision.
Progressivement, elle
revenait à elle, et même si elle ne s’était pas encore relevée, elle recouvrait
la mémoire du tragique accident. Elle se rappelait avoir été violemment
projetée du cheval par Barrons. Le temps que dura son écroulement, elle avait
vu une créature hideuse s’enfuir à toute vitesse vers la falaise. Pour quelles
raisons avait-elle approché cette créature ? Pourquoi avait-elle été aussi
captivée par celle-ci ? Le charme s’était rompu dès qu’Arielle avait lâché
la bride du prétendu cheval. Un cri d’horreur s’arracha de la gorge tendue
d’Arielle qui comprit que le monstre avait emporté son bien-aimé. Elle s’effondra
alors à terre dans la même position que précédemment et sombra dans un sommeil
agité ou plutôt une sorte de transe.
Une quinzaine de
minutes plus tard, comme si elle était possédée, elle se redressa, se leva et
se mit à marcher droit devant. Malgré l’obscurité elle percevait parfaitement
les alentours et d’un pas décidé et rapide elle chemina vers les pierres levées
de Ban Drochaid. Elle s’arrêta près d’une source d’eau pour nettoyer son visage
souillé de sang. Toutefois celui-ci n’était plus du tout enflé, elle n’avait
aucun hématome et l’entaille qu’elle avait sentie n’était désormais qu’un trait
à peine perceptible d’un centimètre environ. Elle ne chercha pas à percer les
mystères de cette guérison spontanée. Dès que son apparence la satisfit, elle
se remit en route et parcourut une assez longue distance en un laps de temps minime.
Sitôt qu’elle fut à quelques mètres de
sa destination, un sourire étrange s’étira sur ses lèvres. En effet, elle avait
les traits d’une autre personne, elle était à nouveau ensorcelée, mais par des
forces différentes à celle du Each Uisge. Elle rejoignit le centre des treize
menhirs et s’écroula.
Aniabeilla,
c’est moi, c’est ton maître. … Aniabeilla, quand vas-tu cesser de fricoter avec
cette sous-espèce ??? Quand hein ?
Combien
de châtiments vas-tu devoir recevoir avant de comprendre que tu n’es pas des
leurs, tu n’es plus des leurs. Vais-je devoir te battre encore longtemps avant
que tu admettes cette vérité ?
Dariellae,
ma chère Dariellae, grande prêtresse … Dariellae, consens-tu à te sacrifier
pour ton peuple ? Je t’assure que j’apporterai la protection, la sécurité
et l’abondance aux tiens si tu m’accompagnes dans mon univers. Dariellae, as-tu
confiance en moi, ton amie de toujours ?
Aniabeilla,
ma Princesse, une éternité passée auprès de toi ne sera pas suffisante pour me
combler. … Même s’il m’arrive parfois de goûter aux fruits juteux d’autres
Déesses… ah mon Aniabeilla, mon amour, tu resteras toujours ma préférée… Ne
sois pas fâchée… la fidélité… lorsque nous sommes immortels… n’est pas de
mise !
Arielle était
inconsciente depuis près de sept heures alors que le soleil commençait à se
lever célébrant le premier jour du mois d’octobre. Depuis qu’elle avait
défailli sur le sol de cette Terre sacrée, elle était la proie à d’atroces
cauchemars proches d’hallucinations. Ces dernières ressemblaient d’ailleurs
fortement à celles vécues près du Loch pendant des jours. Trois situations
totalement différentes s’alternèrent et se réitèrent inlassablement jusqu’à ce
qu’Arielle, enfin, parvienne à s’affranchir de ces voix envahissantes.
Elle était interpellée
par trois personnes dont les visages demeuraient parfaitement voilés.
Seule la femme la nommait « Dariellae ».
Elle s’adressait à elle sur un ton compatissant et aimant. Arielle se sentait
amicalement attirée par elle, assurément elle la connaissait puisqu’elle éprouvait
une inconditionnelle admiration pour elle.
Les deux hommes quant à eux l’appelaient
« Aniabeilla », l’un d’une voix douce et amoureuse, le second en
revanche la brutalisait. Elle avait des sentiments affectueux pour le premier
qu’elle regardait de manière attendrie et auquel elle se sentait liée
sentimentalement.
Mais, elle avait également des
réminiscences physiques et émotionnelles de mauvais traitements administrés par
l’autre homme. Même si elle ne s’en rappelait pas, elle avait cauchemardé
dernièrement de celui-ci lorsqu’elle était restée inanimée cinq jours sur le
rivage du Loch. En cette nuit de Samhain, les mêmes souvenirs accompagnés
d’autres refirent surface. En effet, elle se retrouvait dans une pièce exiguë,
soumise au bon vouloir de son bourreau qui lui répétait indéfiniment qu’elle
était sienne, que le royaume de Dalkeith n’avait rien à lui offrir et que Hawk
encore moins. D’après l’agresseur, leur cour était bien plus luxurieuse et
prolixe. Ce dernier la malmenait à coup de mots assassins mais aussi du plat de
sa main leste. Arielle était couverte d’ecchymoses qui étaient douloureuses,
toutefois elle était bien plus affligée par son emprisonnement et la
maltraitance psychologique subite. Elle ne montrait aucune peine à son
tortionnaire, elle lui tenait tête et affichait constamment un air stoïque.
Pour rien au monde elle ne souhaitait lui faire le plaisir de lui démontrer à
quel point il l’offensait. Arielle était une jeune femme forte et opiniâtre.
Elle en avait connu des déboires, alors elle ne laisserait pas un faible
d’esprit s’en prenant aux femmes l’atteindre. Même si sa personne devait être
rudoyée à un point inimaginable, elle conserverait sa dignité jusqu’à ce qu’il
s’essouffle ou pire, jusqu’à sa mort…
Grâce
à la force de sa volonté, Arielle réussit à endiguer le flot incessant de
paroles de ces trois personnes appartenant à son passé. Brusquement, elle
s’arracha de son pseudo-sommeil et de cet envoûtement déroutant. Et cette
fois-ci, à son réveil, elle se souvenait à la perfection des trois scènes
vécues. Même si le visage de ses interlocuteurs ne se précisait pas, elle
entendait encore distinctement leur voix résonner dans sa tête. Elle ressentait
dans sa chair, la plaisante évocation d’une amie et d’un probable fiancé mais
aussi, les blessures tant corporelles que mentales d’un homme impitoyable.
En revanche, elle ne savait pas pour
quelles raisons elle se trouvait dans le lieu visité quelques heures auparavant
avec Barrons, ni par quels moyens elle s’y était rendu.
À
ce sujet… où est Jéricho ?
h
À quelques mètres d’Arielle,
le Barrons-bête flaira une odeur familière et s’en approcha à pas feutré. Il
découvrit une jeune femme tourmentée qui faisait les cents pas dans une
circonférence relativement étroite. Cette vision le troubla plus que de raison
et une violente céphalée s’empara de lui. Il n’eut pas le temps d’hurler qu’il
s’affaissa sur le sol et s’évanouit.
Cinq minutes plus tard
Barrons se réveilla, nu comme un ver, à la lisière d’une forêt. Seule une
poignée de secondes suffit à lui dévoiler ce qui venait de se produire pendant
les dix heures précédentes. Il n’était pas surpris par la transmutation
vécue ; au fond de lui, il avait toujours su que les ténèbres
s’affairaient dans ses entrailles. Depuis quelques mois, il sentait qu’elles
étaient sur le point de céder. C’est alors qu’il avait rencontré Arielle et que
pour une raison inconnue, celles-ci s’étaient renforcées pour que d’autres
soient menacées. En effet, sa part sombre prenait en otage son cœur depuis
toujours, mais cette jeune femme était parvenue à reculer le mal qui le
rongeait et à le braver pour faire naître des émotions en lui. Toutefois,
risquer de la perdre à cause d’une créature malveillante avait éveillé la bête
qui sommeillait en lui. Et maintenant qu’elle avait envahi son corps,
pourrait-il la dompter ?
Il s’était relevé et de
là où il se tenait, il contemplait Arielle, manifestement perturbée. Sa vision
encore plus précise à présent, il pouvait l’observer comme s’il était à côté
d’elle. Elle paraissait contrariée mais aussi attristée. Il supposait qu’elle
l’était certainement à cause de son absence inexpliquée. Elle estimait
probablement, mais à tort, qu’il l’avait fuie une nouvelle fois. Il décida
alors que plus jamais il ne voulait la quitter. Si Arielle avait percé sa
carapace et, reculé jusqu’à ce fâcheux événement sa noirceur, elle pourrait
continuellement le faire sans même savoir ce qu’il en était réellement. De
plus, elle n’était pas du genre indiscret, il pourrait donc s’abstenir de lui
révéler ce qu’il était véritablement. Elle n’avait pas besoin de savoir. Tant
qu’il resterait auprès d’elle et qu’il éliminerait le danger lorsque ce serait
nécessaire, il n’aurait pas à craindre une éventuelle transformation.
Alors qu’il était en
train de déraisonnablement divaguer, impulsivement il abandonna sa cachette,
s’avança d’un pas déterminé vers Arielle tout en bramant férocement :
– ENFER Arielle, tu es
là friponne ! Ne me refais jamais plus un coup pareil ou je t’achève
moi-même c’est compris ?! Ne t’avise plus à t’éloigner de moi de la sorte,
d’autant plus pour un animal si répugnant ! T’as compris ?! Ne me
quitte plus ou bien je te tue de mes propres mains !!!
Barrons avait crié,
s’emportant de plus en plus, mais malgré des airs menaçants, son visage semblait
détendu et heureux de retrouver sa bien-aimée vivante et rayonnante. Arielle se
jeta à con cou. Et, penaude, elle ne sut que répondre. Elle était encore tourmentée
par les dernières heures qu’elle venait de vivre. Toutefois, elle pressentait
qu’à sa manière, d’une façon rustre, son Jéricho lui avouait des ressentis
dépassant l’attirance sexuelle et les liens amicaux.
Peut-être
bien qu’il est en train de reconnaître qu’il m’apprécie ? Peut-être
qu’enfin ces odieuses cuirasses s’effondrent ? Serait-il en train de
m’annoncer qu’il ne veut plus me quitter… qu’il m’ai…
Encore enfouie dans les bras de son
homme, Arielle fut brutalement éloignée de son giron et en même temps tirée de
sa rêverie. Il planta un regard des plus sombres dans les prunelles interdites
de celle-ci et lui adressa une injonction malhabile sur un ton des plus
hautains :
– Épouse-moi Lass Arielle
Rayna… Et ce n’est pas une demande, pas la peine de te méprendre sur
d’éventuels sentiments amoureux, c’est un ordre ! Un devoir de ta part…
Arielle, nous allons nous marier !
***
[2] Élodée : Genre de plantes
aquatiques.
[3]
Bride : Partie du harnais d’un cheval que l’on passe autour de la tête et
du cou de l’animal pour le diriger.
Faut pas exagérer quand même.
Je suis assez joie et amour dans vos corps pour qu'en plus je vous laisse ça.
que dire sinon ENCORE!!!!!!
RépondreSupprimerQuelle imagination! tu t'es énormément documentée,cela se ressent, ton récit n'en est que plus riche, attrayant et attractif, j'adoooooooore!